Commentaire de Sylvain Reboul
sur Crise de civilisation ou civilisation de crise


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Sylvain Reboul Sylvain Reboul 7 juin 2006 08:43

« Relativité du temps, on ne se voit pas dans le mouvement, on avance dans le champ des désirs ; ce champ se déplace lui aussi, et on ne peut jamais le rattraper. Ce processus a un nom. Frénésie matérialiste hypermoderne. Le système ne fait que produire des effets de champ, déplaçant l’horizon des désirs pour que les individus livrent leur énergie optimale afin de se rapprocher de ce champ. L’homme hypermoderne vit en permanence sous l’effet d’un mirage. »

Vous décrivez certaines des conséquences que vous jugez négatives selon l’économie de votre désir, de la fin de la captation du désir par l’imaginaire religieux collectif sacralisé (ou fétichisé) tourné vers l’absolu et l’éternité ordonnant l’austérité pour la grande majorité en vue du salut post-mortem, au profit d’un imaginaire commercialisé profane temporel, voire éphémère, et pluriel.

Mais vous êtes égaré par la faux concept de matérialisme, en oubliant que le désir est toujours symbolique y compris quand il s’exprime dans des objets symboles dits de consommation ; Il n’ y a pas de différence de nature entre la signification profonde des objets-fétiches religieux rituels et ces derniers : dans les deux cas ils expriment le désir infini de la puissance (voire d’immortalité) et de la reconnaissance valorisée et valorisante de soi (le salut).

La différence de forme est néamoins importante car la désacralisation du désir de reconnaissance qu’implique le désir de reconnaissance profane (ou sécularisé) implique soit sa soumission à la logique des objets telle qu’elle est ordonnée par la publicité soumise aux exigences commerciales et le jeu pluriel des opinions ordonné par elle (la mode, les médias), soit elle porte en elle la possibilité, voire la nécessité, d’une rationalisation de désir d’être et d’agir dans un cadre qui fait de l’amitié, de l’amour réciproque et de la créativité, y compris dans un jeu-détournement subtil avec et de la logique commerciale, la condition d’une plus authentique autonomie.

Aucune religion ne peut plus aujourd’hui faire sens pour tous et chacun. Il faut s’y résoudre et donc préparer les jeunes à comprendre qu’il est nécessaire de se comprendre pour s’affirmer et se construire en tant qu’individu sans appartenance, mais non sans interdépendance, sociales, affectives et intellectuelles, dans son désir qui n’est jamais qu’un désir de reconnaissance, hors tout jugement divin, de soi par soi et les autres..


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