Commentaire de
sur Sarkoland : comme un parfum d'Etat policier


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(---.---.140.77) 1er avril 2007 03:21

Qu’est-ce qu’un « jeune de droite » ?

Josh Lymann samedi 31 mars 2007

Moins fondamentale que les doutes sur les véritables de la disparition des dinosaures ou les mystères de l’Ile de Pâques, une question taraudera bientôt historiens de la politique : qu’est-ce qu’un jeune électeur de droite ? Déjà, en envisageant avec recul ces deux termes, jeune et droite, on ne peut qu’être saisi par l’étrangeté presque clinique de ce couple sémantique : reviennent alors, confusément mêlées, les images ternies des Ligues factieuses de l’entre deux guerres, les rangs serrés des divers mouvements de jeunesse de Vichy, et la longue lignée qui, de Poujade à Le Pen, en passant par l’OAS et Occident, parvint dans bien des cas sur les rivages plus fréquentables de l’UDR/RPRP/UMP ou des Giscardiens, qui eurent leurs propres « jeunes »...Tiens, comment peut-on, sans sourire, s’interroger sur les motivations profondes des spécimens en Loden qui, au début des années 70, se retrouvèrent sous cette invraisemblable bannière : les jeunes giscardiens...Déjà, Drieu la Rochelle, qui s’y connaissait en la matière, évoquait « les jeunes cyclistes et les anciens romains » Certes, on ne peut jauger un responsable politique par la seule origine de son parcours : bien des hommes de gauche finirent à droite, voire au-delà (Déat, Doriot, Belin), et quelques uns, infiniment moins nombreux, prirent le chemin inverse. En revanche, lorsqu’ils organisent toute leur communication pour masquer ces « évolutions, » sans doute la démarche est-elle plus significative. Pourquoi tant de sexagénaires de la droite française, dont la plupart d’ailleurs ont fréquenté les prétoires pour diverses raisons peu avouables, masquent-ils avec tant d’ardeur leur jeunesse réactionnaire ? On ne saurait certes affirmer que la jeunesse est le monopole de la gauche et que tous les jeunes conservateurs sont politiquement dégénérés. Mais au motif que la France n’est pas le Cambodge des khmers rouges ou qu’il faut bien une droite pour définir une gauche, nous nous privons ici d’une réflexion plus fondamentale. Si les ressorts du vote Front national sont malheureusement bien connus désormais, sur fond de crise sociale et de déclassement, qui touchent encore plus violemment les moins de 30 ans, quel peut être celui d’une adhésion aux mouvances UMP et/ou UDF, dans la France de 2007 ? Que ces jeunes femmes et hommes soient réticents à se porter vers la gauche ou, il ne faut certes pas l’exclure, encore prisonniers d’un modèle « mâle dominant » dès lors que l’Elysée est en jeu, passe encore. Mais quelles sont les valeurs profondes, les aspirations, on ose à peine évoquer les réflexions, qui les détournent de la gauche ou de l’extrême-gauche, au profit de la droite ? Battage médiatique, rejet du politique, exemple des parents ? Rien n’est bien clair dans ce processus. On aimerait tant que la jeunesse de France soit l’héritière de Rimbaud et de Camus, plus que celle de Pinay ou Doc Gyneco, de l’Europe en marche et de l’ouverture au monde plutôt que celle des exonérations fiscales, du rejet des immigrés, du collectif et non pas du corporatisme, des femmes et non pas des beaufs. Bref que la jeunesse soit jeune ! Le 22 mars 1968, il y a bien longtemps, 11 ans seulement après la signature du Traité de Rome, les moins de 20 ans mirent le feu aux poudres de la France gaulliste, qui s’ennuyait alors, selon Viansson-Ponté. Le 22 avril prochain, la France UMP/UDF, qui ne s’ennuie pas, car elle n’en a plus le loisir, mais doute et s’inquiète, aura son sort à portée de mains : aux plus anciens de ne pas se tromper pour l’avenir de leurs enfants, aux jeunes de leur montrer le chemin. Qu’il ait les traits d’une femme ne change rien et change tout...


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