Commentaire de Reinette
sur Pour gagner plus il faut produire plus !


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Reinette (---.---.139.73) 4 avril 2007 14:42

Simple comme une offre d’emploi... !

Pour le rédacteur précaire ou débutant, le marché de l’emploi ressemble au Sofitel Magic Lagoon après le passage d’un tsunami. Les avantages liés à la fonction de journaliste ont été emportés par la déferlante des Rothschild, Dassault et Lagardère, laissant derrière elle des salles de rédaction dévastées, décimées par les réductions d’effectifs et la désertion des lecteurs partis se mettre au sec, dit-on, dans les pages gratuites des canards publicitaires.

Heureusement, on trouve ici ou là des bouées de sauvetage. Comme cette annonce publiée le 29 décembre 2006 sur un site français de recherche d’emplois :

Offre n°2114. Mission : rédacteur web. Contact : Hétu Stéphanie. E-mail : [email protected]. Rédiger des articles de 400 mots environ, sur divers sujets, en suivant quelques règles de base fournies. Une première commande de cinq articles sera faite afin de voir si nous pouvons bien travailler ensemble. Ensuite, plusieurs dizaines d’articles peuvent être commandés, selon vos disponibilités.

Important : Payment [sic] effectué par Paypal. Durée : à définir. Rémunération : 5 euros par article. Lieu : télétravail. Société : E-Genèse Inc.

5 € par article... !!! C’est pas le Pérou, d’accord, mais c’est toujours mieux que la Chine.

L’ouvrière de Datang touche 0,05 euro par paire de chaussettes (Libération, 09/11/2004), alors notre futur « rédacteur web » s’en sort pas si mal.

(Certes, dans l’ancien monde, celui des contraintes rigides et des acquis corporatistes, il existait un minimum syndical qui fixait la rémunération du pigiste à 50 € le feuillet. Sachant qu’un feuillet représente à peu près 200 mots, le calcul est vite fait : l’offre n°2114 te met le feuillet à 2,50 €, soit 20 fois moins que le minimum syndical.)

...Oui mais nous vivons dans un monde qui change, qui bouge, toujours plus près du zéro. Le minimum n’est plus syndical, mais minimum tout court. Si le marché de l’emploi t’emballe les 2 feuillets pour un paquet de clopes, c’est qu’il est temps de s’adapter, non ?

La société québecoise E-Genèse Inc peine visiblement à recruter sur ses propres terres et préfère délocaliser ses brouettes rédactionnelles en France plutôt qu’au Maroc. C’est une occasion à saisir.

Comme dit le proverbe : quand la chance frappe à ta porte, n’attends pas qu’elle se barre chez le voisin.


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