Commentaire de Hecatonchire
sur La décadence de l'industrie phonographique


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Hecatonchire (---.---.228.7) 9 juillet 2006 17:25

Demian,

Le caractère immatériel d’une oeuvre numérique, n’est pas comme vous semblez le penser, dénuée de tout fondement. Il est facile, comme vous le faites, d’en critiquer la polysémie pour prétexter son non sens. Ca Monsieur, cela s’appelle un effet de manche. La mauvaise foie quand elle est patente comme ici, confine à la balourdise.

En l’occurrence, une oeuvre immatérielle à une définition précise sur le plan juridique français. Restons donc dans le débat. Voler un objet sur une chaise ou dupliquer une oeuvre numérique sur le Net ne relève pas du même préjudice.

Dans le premier cas, son propriétaire perd réellement l’usage de l’objet volé. Dans le second cas, il n’en perd ni l’usage ni la possibilité d’en tirer un futur profit.

C’est de l’économie de base donc facile à comprendre. Il n’y a pas vol mais simple duplication d’une oeuvre de l’esprit. Hors je rappelle que toute création même breveté (idée, oeuvre ou invention technique) est copiable tant qu’on en tire pas un profit commercial au dépend du détenteur des droits. Et ce pour une bonne raison. Depuis l’âge des temps, le progrès s’est construit sur le partage de toutes les oeuvres de l’esprit (inventions techniques et culture).

Il a été dit par d’autres ici, que des études (indépendantes) montrent que les ventes n’ont absolument pas eu à pâtir de la copie numérique massive mais qu’il faut chercher ailleurs le rétrécissement du marché du disque. Donnez vous la peine de les lire, elles sont abordables même par vous. Et cessez donc d’arguer un manque à gagner hypothétique au nom du sacro-saint respect de l’esprit créateur. Ce problème n’est pas étique et est encore moins une insulte aux Lumières. Vous prônez simplement l’économie de la rareté en vertu du principe que ce qui est rare est cher et a donc de la valeur. On voit les résultats (non assumés) d’un matraquage idéologique ultralibéral qui n’a aucun rapport avec le schmilblick.

En vérité (et ODEBI s’en est fait l’écho) on montre également que les compositeurs auraient tout à gagné d’un système les rétribuant directement. De nombreuses solutions ont été proposées. Les seuls perdants dans cette reconfiguration des circuits marchands sont les Majors du disque et dans une moindre mesure les distributeurs.

Honnêtement, qui va pleurer sur le sort de quelques centaines de spécialistes du marketing répartis dans le monde. Ce sont les effets d’un monde que vous avez appelé de vos voeux et dont vous glorifiez habituellement le tout puissant principe de réalité : Le pragmatisme. Soyez cohérent, ne soutenez pas vainement une structure marchande que le monde globalisé a déjà jugé obsolète.

Car je vous en fais la promesse en tant qu’humble informaticien. Il n’y a absolument aucune possibilité pour que qu’on puisse un jour empêcher ou même contrôler la copie des oeuvres numériques. Si vous connaissiez comme moi, cet autre principe de réalité qu’est l’ingéniosité sans limite des joyeux informaticiens libristes, vous en seriez également convaincu.

Faites vous une raison, et aidez les forces progressistes à trouver une politique redistributive pour assurer aux créateurs une rémunération juste même si il est probable qu’il y aura des gagnants et des perdants. Pour le reste, faites une croix dessus.

Hécatonchire


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