Philippe Vassé Philippe Vassé 22 juillet 2012 13:20

Cher Léo le sage,

Il semble que votre grille de lecture de l’Asie soit assez archaïque et quelque peu en retard sur les réalités vivantes du continent.

Le dossier Chine-Taïwan nécessite, pour être même abordé, sans parler de le comprendre, une connaissance affinée de l’histoire de la Chine, du Japon et des mouvements migratoires anciens, ainsi que des grandes évènements politiques du 20me siècle, notamment pour les populations aborigènes de Taïwan qui n’ont rien à voir avec la Chine, car venant des îles du Pacifique, de l’Océan Indien et des côtes orientales de l’Afrique ainsi que de Madagascar.

On est loin ici du sujet de l’article.

Si vous êtes sinophone et connaisseur de la culture chinoise, laquelle est loin d’être homogène, une et unique, mais multiple et souvent contradictoire (comme beaucoup de cultures anciennes faites de brassages de populations et de cultures), vous apprécierez cette boutade qui résume avec finesse et subtilité (un trait culturel asiatique) la complexité extrême des relations entre la Chine et Taïwan :

«  A Beijing comme à Taipei, nos dirigeants sont des Hakkas ».

A titre personnel, sur des sujets éminemment complexes, je vous inviterais à être à la fois moins « brut » et à développer une approche « affinée », souple et ouverte, d’autant que ce sont les faits qui décident, non des opinions personnelles.

Les relations sino-taïwanaises sont en effet bien plus subtiles et nourries de contradictions innombrables que votre approche suggère avec une naïveté réductrice.

Prendre pour des réalités les rodomontades régulières des dirigeants de Pékin ou du KMT à Taïwan revient ) prendre des vessies pour des lanternes. La phraséologie maoïste et son pendant tchang kaï tchekien ne trompent plus que les niais. Ce qui prime sont les rapports construits avec le temps, les relations économiques et les réalités politiques incontournables dans les deux pays.

Mais, si vous voulez synthétiser la clé de ces rapports et l’utiliser pour un avenir prévisible, retenez cette maxime que j’enseigne, tant avec mes amis chinois que taïwanais :

«  la clé du futur des relations entre les peuples de Chine et de Taïwan est la démocratie en Chine, la démocratie réelle, du peuple, pour le peuple et par le peuple ».

En filigrane, se dessine une Chine future, non plus bureaucratiquement centralisée, système ingérable à terme et par nature instable, mais une Chine fédérale, avec des Etats ayant leurs prérogatives propres, comme au Brésil, en Allemagne ou aux Etats-Unis.

Unité ne veut pas dire unicité, ce facteur d’ explosion des carcans systémiques intenables.

B
ien cordialement,


Ajouter une réaction

Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe