louphi 17 décembre 2012 12:18

Rcoutouly

"Pourquoi la crise économique continue et pourquoi nous ne la comprenons pas ?"

Votre analyse est certainement très louable en ce qu’elle part de deux exemples concrets pour déboucher sur l’impossibilité du capitalisme à se sortir de la crise actuelle. Bien que juste, cette analyse, loin d’être complète, est très partielle. Elle fait reposer les difficultés du capitalisme actuel uniquement sur la raréfaction des ressources impactant sur l’écologie. En fait, l’inévitabilité, l’aggravation constante, et l’irréductibilité des crises cycliques du capitalisme et de toutes les conséquences qui en découlent ont été, depuis au moins Lénine, entièrement analysées et sont aujourd’hui connues de tous les esprits de bonne science. Il n’y qu’à prendre connaissance, qu’à s’imprégner et qu’à travailler à partir des explications complètes ci-dessous pour comprendre en toute transparence le capitalisme actuelle appelé impérialisme et voir l’horizon.

« En régime capitaliste, les diverses entreprises, les diverses branches de l’économie d’un pays ne peuvent se développer également. Dans le cadre de la concurrence et de l’anarchie de la production, le développement inégal de l’économie capitaliste est inévitable. Cependant, à l’époque prémonopoliste, la production était fragmentée entre un grand nombre d’entreprises, la libre concurrence régnait, il n’y avait pas de monopoles. Le capitalisme pouvait encore se développer d’une façon plus ou moins régulière. Certains pays en dépassaient d’autres durant une longue période. Il existait alors sur le globe de vastes territoires inoccupés. Tout se passait sans conflits militaires à l’échelle mondiale.

La situation a changé radicalement avec le passage au capitalisme monopoliste ; alors le partage du monde est achevé entre les puissances impérialistes qui mènent une lutte serrée pour un nouveau partage du monde. Cependant le développement inouï de la technique permet à certains pays impérialistes de dépasser rapidement, par bonds, les autres pays impérialistes. Les pays engagés tardivement dans la voie de l’évolution capitaliste utilisent les résultats acquis du progrès technique  : machines, méthodes de production, etc. De là le développement rapide, par bonds, de certains pays et un retard dans l’évolution d’autres pays. Ce développement par bonds s’accroît énormément aussi grâce à l’exportation des capitaux. La possibilité s’offre pour certains pays de gagner de vitesse les autres, de les évincer des marchés, de réaliser par la force des armes un nouveau partage du monde déjà partagé. Sous l’impérialisme, l’inégalité de développement des pays capitalistes est devenue une force déterminante du développement impérialiste.

Le rapport des forces économiques des puissances impérialistes se modifie avec une rapidité sans précédent. Il en résulte des modifications très irrégulières du potentiel de guerre des États impérialistes. La modification du rapport des forces économiques et militaires va à rencontre de l’ancienne répartition des colonies et des sphères d’influence, ce qui engendre inévitablement la lutte pour un nouveau partage du monde déjà partagé. La puissance véritable de tels ou tels groupes impérialistes est mise à l’épreuve au moyen de guerres sanglantes et dévastatrices.

En 1860, l’Angleterre occupait la première place dans la production industrielle du monde ; la France la suivait de près. L’Allemagne et les États-Unis n’en étaient qu’à leurs débuts dans l’arène mondiale. Une dizaine d’années s’écoula, et le pays ascendant du jeune capitalisme — les États-Unis d’Amérique — gagnait de vitesse la France, et prenait sa place. Dix ans après, les États-Unis rattrapaient l’Angleterre et occupaient la première place dans la production industrielle mondiale, tandis que l’Allemagne dépassait la France et occupait la troisième place derrière les États-Unis et l’Angleterre. Au début du 20e siècle, l’Allemagne refoulait l’Angleterre et prenait la deuxième place après les États-Unis. À la suite des changements survenus dans le rapport des forces des pays capitalistes, le monde capitaliste se scinde en deux camps impérialistes hostiles, et les guerres mondiales se déclenchent.

Le développement inégal des pays capitalistes détermine l’aggravation des contradictions dans le camp de l’impérialisme et l’inéluctabilité de conflits militaires qui conduisent à un affaiblissement réciproque des impérialistes. Le front mondial de l’impérialisme devient facilement vulnérable pour la révolution prolétarienne. C’est sur cette base que la chaîne du front impérialiste peut se rompre en son maillon le plus faible, au point où les conditions sont les plus favorables pour la victoire du prolétariat.

L’inégalité du développement économique à l’époque de l’impérialisme détermine aussi l’inégalité du développement politique, qui entraîne pour les différents pays une différence de maturité des conditions politiques de la victoire de la révolution prolétarienne. Parmi ces conditions, il faut ranger avant tout l’acuité des antagonismes de classes et le degré de développement de la lutte des classes, le niveau de la conscience de classe, de l’organisation politique et de la fermeté révolutionnaire du prolétariat, son aptitude à entraîner les masses fondamentales de la paysannerie.

La loi de l’inégalité du développement économique et politique des pays capitalistes à l’époque de l’impérialisme est le point de départ de la théorie léniniste sur la possibilité de la victoire du socialisme au début dans plusieurs pays ou même dans un seul pays.

Marx et Engels, en étudiant au milieu du 19e siècle le capitalisme prémonopoliste, ont été amenés à conclure que la révolution socialiste ne pouvait vaincre que simultanément dans tous les pays ou dans la plupart des pays civilisés. Mais au début du 20e siècle, notamment au cours de la première guerre mondiale, la situation avait changé radicalement. Le capitalisme prémonopoliste s’était développé en capitalisme monopoliste. Le capitalisme ascendant était devenu le capitalisme déclinant, agonisant. La guerre avait mis à nu les faiblesses incurables du front impérialiste mondial. Il découlait en même temps de la loi de l’inégalité du développement que la révolution prolétarienne viendrait à maturité à des époques différentes, dans les différents pays. Partant de la loi du développement inégal du capitalisme à l’époque de l’impérialisme, Lénine est arrivé à la conclusion que la vieille formule de Marx et d’Engels ne répondait plus aux nouvelles conditions historiques ; que, dans les conditions nouvelles, la révolution socialiste pouvait parfaitement triompher dans un seul pays ; que la victoire simultanée de la révolution socialiste dans tous les pays ou dans la plupart des pays civilisés était impossible » en raison de la maturité inégale de la révolution dans ces pays.

L’inégalité du développement économique et politique, écrivait Lénine, est une loi absolue du capitalisme. Il s’ensuit que la victoire du socialisme est possible au début dans un petit nombre de pays capitalistes ou même dans un seul pays capitaliste pris à part.

V. Lénine, « Du mot d’ordre des États-Unis d’Europe », Œuvres, t. 21, p. 354-355.

Lénine avait élaboré une théorie nouvelle, une théorie achevée de la révolution socialiste. Elle enrichissait le marxisme et le développait ; elle ouvrait une perspective révolutionnaire aux prolétaires des différents pays, elle développait leur initiative dans le combat à livrer à la bourgeoisie, affermissait leur certitude dans la victoire de la révolution prolétarienne. ».

(Voir : Académie des sciences de l’U.R.S.S. - Manuel d’économie politique - LA LOI DE L’INEGALITE DU DEVELOPPEMENT ECONOMIQUE ET POLITIQUE DES PAYS CAPITALISTES A L’EPOQUE DE L’IMPERIALISME ET LA POSSIBILITE DE LA VICTOIRE DU SOCIALISME DANS UN SEUL PAYS) 


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