Dany-Jack Mercier Dany-Jack Mercier 12 mai 2013 22:41

@ BrunoDupont


Exact pour le lycée : la réforme des maths moderne en 1970 permettait de travailler sur une théorie rigoureuse et riche qui unifiait les mathématiques en leur donnant un sens. Elle permettait d’apprendre à raisonner avec rigueur, et proposait un contenu profond qui pouvait servir pendant toutes ses études scientifiques à l’université ou ailleurs. Par contre, la même réforme dans le primaire et au collège s’est soldée par un ratage complet, car les enfants n’avaient pas la même capacité d’abstraction que les lycéens admis en section C. Cela à gâché des milliers d’élèves qui ont grandis et veulent maintenant « se venger » des mathématiques (il faut les comprendre : c’était une drôle de réforme ratée à ces niveaux...)

Oui, je déplore que beaucoup de parties fondamentales des enseignements des mathématiques générales aient disparu au profit d’une utilisation de la machine qui est maintenant utilisée comme un oracle. Un non-sens en mathématiques comme en philosophie ! S’en remettre à la machine pour éviter de raisonner, c’est affreux. Mais attention, je ne suis pas contre l’utilisation raisonnée des machines : ce sont des outils. Retournons aux horaires de sciences de 1975 et rajoutons 2h par semaine de TP en mathématiques pour utiliser tous les logiciels imaginables et faire de l’algorithmique et des programmes informatiques. Là se serait impeccable pour la formation scientifique.

Beaucoup de notions seront ignorées bien sûr, car on ne peut pas tout traiter au même moment, donc il faut faire des choix et ne retenir que celles que l’on peut enseigner décemment compte tenu du niveau de préparation du public ! Il est ridicule de faire croire qu’on va traiter la théorie de la relativité en terminale dans le programme de physique, alors qu’on ne connaît rien en géométrie, et donc a fortiori encore moins de choses dans les espaces hilbertiens. Les projections et les symétries ne sont plus au programme, donc comment visiter des théories qui utilisent ces notions ? Dans la pratique, on restera au ras des pâquerettes (en effrayant quand même ces pauvres élèves) : on leur demandera de faire un exposé en utilisant les ressources d’internet. Bof !

La cryptographie peut être vue dans certaines activités puisqu’on a encore laissé un peu d’arithmétique, mais il n’y a plus les ensembles Z/nZ. L’estimation statistique a été placée dans le nouveau programme, mais les élèves y comprendront peu de chose, et les outils qui permettent ces estimations, comme l’intégrale, ont été présentés de façon bâclée. Les graphes sont toujours en section ES je crois bien. La Théorie des catastrophes me semble hors de portée pour des élèves de lycée, sauf pour un exposé généraliste pour donner de la motivation.

Intéresser des élèves ? Là c’est plus difficile. Travailler dans des espaces en suivant des règles absolues et transparentes, c’est faire des mathématiques, voir combien le raisonnement nous permet d’ouvrir des champs d’investigation, savoir « où » l’on travaille. Cela peut attirer certains élèves alors qu’on n’y croit pas. A l’opposé, faire faire des algorithmes puis de la programmation, était censé augmenter l’intérêt des élèves pour les sciences dans l’esprit des promoteurs de la réforme. Demandez aujourd’hui à des élèves du lycée s’ils adorent cette partie...

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