filozofi 15 juin 2013 13:23

Bonjour.

Je suis prof de math en lycée et j’ai assuré pendant quelques années la formation au CAPES interne sur l’académie de Montpellier et mes stagiaires et moi-même utilisions de façon significative votre excellentissime site Mégamath, en particulier pour préparer l’oral.

Aujourd’hui, les espaces pour faire vraiment structurer des raisonnement aux élèves en lycée sont réduits à bien peu de choses et pas seulement par les programmes qui sont un empilement de techniques souvent rattachées à un outil technologique (calculatrice ou ordi.) voire de démonstrations apprises hors de tout contexte de construction mathématique et donc récités comme des versets du coran ou de la bible, mais aussi parce que le fonctionnement des établissement a changé.

Je m’explique :
- les parents « petits bourgeois » veulent acheter les « meilleurs » diplômes pour leurs enfants et tout ce qui peut être considéré comme un obstacle doit être éliminé.
- La nouvelle génération de chef d’établissement se soumet au diktat de ces parents et propose tous les aménagements possibles pour autoriser les passages et obtenir des bons taux de réussite au bac sans réorienter ni faire redoubler sauf cas exceptionnel avec accord des familles en faisant une pression énorme (réflexions acerbes, convocations, note administrative, formations, inspections) sur les enseignant pour que ceux-ci montent leurs notes puis expliquent en conseil de classe qu’avec de telles notes, les dossiers passeraient en appel donc qu’on les laisse passer y compris en série S pour des élèves incapables de résoudre une équation du type ax+b=0 et ne connaissant pas les tables de multiplication. Je ne parle pas de la règle de 3.
- les épreuves anticipés « locales » du bac et contrôles en cours de formation conduisent à multiplier ce genre de pression que les professeurs se mettent eux-même sur la tête lorsqu’ils évaluent leurs propres élèves
- les inspecteurs sont plus que jamais soumis à l’avis du chef d’établissement et ne peuvent pas aisément déroger à cet avis lorsque celui-ci se plaint d’un collègue.
- l’accent est mis sur la vie sociale au lycée plus que sur le travail

Bilan : les classes de S sont remplies d’élèves qui savent qu’ils auront le bac, qui demandent avec leurs parents des inventaires à la Prévert de questions types à mettre en machine pour répondre le jour du bac, ne laissant pas le temps au professeur même volontaire de structurer un cours un minimum (les questions récurrentes et les perturbations d’élèves dépassés hachant de plus inévitablement toute construction solide)

Pour ma part, je profite d’enseigner en section européenne pour proposer à mes élèves des travaux de démonstration avec des constructions mathématiques solides sur des tout petits bouts isolés hors des programmes de math. ordinaires (par exemple, nombres de Frobenius) et je bous de honte en voyant certains élèves émerveillés par ces constructions et qui auraient pu l’être depuis les petites classes alors qu’ils s’ennuient dans des cours de math ordinaires perturbés et à la logique desquels ils ne comprennent pas grand-chose.


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