Pierre Régnier Pierre Régnier 31 août 2014 12:21


Bonjour Christian Labrune

 

Évidemment d’accord sur toute la première partie de votre commentaire je veux pourtant vous répéter, une fois de plus, mon désaccord sur son dernier paragraphe : je tiens les philosophes actuels - je ne parle que de ceux que j’estime - pour partiellement responsables de la réanimation de la violence religieuse dans le monde où nous vivons. Ils refusent d’analyser, pour la dénoncer, la théologie criminogène maintenue dans les quatre principaux monothéismes.

 

Les chrétiens tout particulièrement ne sont nullement « sortis de leur religion » (mais le problème n’est pas là) et ils continuent d’alimenter, même si c’est partiellement et indirectement, les diverses pratiques de la violence très logiquement engendrées par la théologie islamique.

 

DÉSACRALISER LA VIOLENCE RELIGIEUSE, mon petit essai de mars 2000, qu’il ne m’a jamais été possible de publier même après le 11 septembre 2001, commençait par un rappel de la "sortie de la religion" selon Marcel Gauchet. Puis j’enchaînais ainsi :

 

 

Dans son livre "La religion dans la démocratie" (éd. Gallimard 1998) Marcel Gauchet me paraît trop optimiste quand il écrit : "Nul parmi nous ne peut plus se concevoir, en tant que citoyen, commandé par l’au-delà. La Cité de l’homme est l’oeuvre de l’homme, à tel point que c’est impiété, désormais, aux yeux du croyant le plus zélé de nos contrées, que de mêler l’idée de Dieu à l’ordre qui nous lie et aux désordres qui nous divisent". L’agnostique citoyen du monde que je suis fera remarquer que la terre entière est désormais « notre contrée », que c’est là qu’il faut étudier le "parcours de la laïcité" (sous-titre du livre) et que certains de ceux qui, comme en Algérie, en Afghanistan ou en Iran, « mêlent l’idée de Dieu aux désordres qui nous divisent » tuent « parmi nous » très fréquemment. Ceux-là se disent très souvent croyants de l’islam, mais ce sont bien toutes les religions abrahamiques qui continuent de cultiver la violence théorique, théologique ; les autres, sur lesquelles ne porte pas cette réflexion n’étant pas pour autant tenues pour dépourvues de toute violence. Le fanatique qui passe à l’acte criminel a bon dos. On souligne qu’il n’a rien compris, ne veut pas comprendre même lorsque, précisément, il a trop bien compris en prenant à la lettre ce qu’on lui a demandé de prendre à la lettre. Qui peut soutenir qu’il est seul responsable et qu’on ne triche pas quand on met un fossé entre ses actes, horribles, et ceux que les religions - traditionnelles, officiellement reconnues - lui ont enseignés comme parfaitement justifiés en d’autres temps ?

 

Dans le pire des cas les ordres de tuer restent toujours valables et, par exemple, des dignitaires de l’islam appellent publiquement - sans que personne, ni individus ni Etats appliquant leur devoir d’ingérence n’exige leur traduction en justice - au meurtre de Salman Rushdie ou de Taslima Nasreen (pour ne parler que de deux victimes désignées qui ont eu le temps d’alerter le monde démocratique avant que le crime sur leur personne ait été commis ; beaucoup d’autres, en Iran par exemple, n’ont pas eu ce temps)...


Ajouter une réaction

Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe