Christian Labrune Christian Labrune 12 mai 2017 10:17

On voit qu’il est impossible à Descartes de penser Dieu autrement que comme existant

@Louve de France
Descartes, dans les Méditations, reprend la preuve ontologique d’Anselme de Cantorbery, au XIe siècle, soucieux de réconcilier la révélation chrétienne avec la raison :« Fides quaerens intellectum ». L’argument d’Anselme est assez complexe ; il en propose plusieurs formulations, mais on peut -fort grossièrement ! - le formuler de la manière suivante : le plus essentiel caractère de Dieu tel que je le conçois, c’est la perfection. S’il est parfait, rien ne peut lui manquer. L’existence, par conséquent, ne peut lui manquer. Donc, il existe.

Descartes, très ironiquement, reprend dans les méditations le plan de la création du monde dans la Génèse. Il y a six méditations, il n’en faut lire qu’une par jour, souligne-t-il assez lourdement. Je suppose qu’au septième jour, on fera comme Dieu, on se reposera.
Au début de la Génèse, le monde n’existe pas, il n’y a que l’esprit de Dieu qui flotte sur ce néant. Dans la première méditation, il n’y a rien non plus, Descartes en proie à un doute hyperbolique doute de toutes choses et même de sa propre existence. Mais ce n’est plus Dieu qui est à l’origine, de tout, c’est lui : « Je pense, je suis, cela est indubitable » ; Et c’est de sa propre pensée que naît l’idée de Dieu : je ne suis pas cause de moi-même, je me découvre imparfait ; or, j’ai dans l’idée un être parfait qui serait cause de lui-même et aussi de moi. C’est Dieu.

Ce Dieu-là, en revanche, n’est pas celui du christianisme. Il existe comme les figures de la géométrie, lesquelles n’existent pas à proprement parler et ne se connaissent que par une ’inspection de l’esprit". Le triangle, par exemple, EST dans l’esprit, mais il n’EXISTE pas : personne, dans ce monde n’a jamais pu rencontrer ou voir un triangle existant.

Il convient de noter que la démonstration de la fausseté de l’argument ontologique n’est plus à faire : on faisait déjà remarquer à Anselme qu’il était bien possible de concevoir des îles fortunées au-delà des mers, il ne suivait pas, de ce qu’on les pensât, qu’elles existassent nécessairement, et l’argument de Descartes aura été très bien et très définitivement démoli par Emmanuel Kant, lequel n’était pourtant pas hostile à l’idée d’un Dieu.


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