Luc-Laurent Salvador Luc-Laurent Salvador 5 décembre 2018 14:26

@Gollum

Juste pour info avant que je tente peut-être un développement histoire d’aligner mes conjectures (et d’irriter un peu plus l’ami Lavau), j’ai lu en diagonale ce matin le livre de Biglino qui affirme que AT et NT sont « des livres sans Dieu ». Ma foi n’a pas été ébranlée. Le père Biglino, je l’ai vu venir de loin dans la mesure où sa stratégie est toujours la même : il montre (très bien) les innombrables incohérences des lectures théologiques. Mais ce qu’il a perdu de vue (car à certain moment il a su afficher une prudence épistémologique) c’est que ses observations ne permettent pas de conclure quoi que ce soit sous le rapport de la transcendance.
Sa foi matérialiste n’est nullement étayée par la (fort intéressante) karchérisation de « la » Bible qu’il opère.
Elle reste un a priori, son a priori et son seul effet est de structurer son discours dans l’horizontale. Il n’a rien à dire sur la verticale.
 
Pour qui se trouve, comme moi, toujours-déjà, orienté à la verticale, la question se pose alors de savoir que faire de tout ça qui, je le répète est fort intéressant dans la mesure où ça se recoupe terriblement bien avec les études archéologiques de Graham Hancock.
 
Songez par exemple que cette idée que « au commencement l’esprit planait sur les eaux » peut se traduire littéralement (mais approximativement) comme « le vaisseau (des Elohim) volait au-dessus des eaux ». 

Quand on est dans la perspective où l’histoire a commencé avec le déluge du Dryas récent et la colonisation par les Elohim des terres émergées qui s’en est suivie, tout ça est bigrement porteur de sens concret et on lâche volontiers toute la symbolique qu’on aura pu vouloir y plaquer par la suite (notez que ce rapprochement n’a peut-être pas été fait par Biglino, mais moi je le trouve assez évdient).
 
Quoi qu’il en soit, la question reste de savoir comment on articule le fait religieux concret dans sa diversité, comme ses prétentions et l’idée d’une transcendance, l’idée du divin vers laquelle les religions en général sont censées pointer.
 
Avant même de tenter de répondre à cette question se pose selon moi le problème qu’a le croyant darwinien que je suis pour expliquer la « miraculeuse » correspondance entre la pensée (religieuse) et l’objet (religieux). Je reprends ici la problématique piagétienne de la correspondance entre la pensée et la réalité que les mathématiques illustrent tellement bien : comment se peut-il qu’un pur produit de la pensée abstraite puisse si bien correspondre aux structures du réel telles que la physique a pu les confirmer ?

L’explication scientifique du fait religieux que permet la thèse girardienne oblige le croyant (darwinien ou girardien) à se confronter à cette difficulté : comment est-il possible qu’un processus dont on repère les premières formes chez l’animal puisse mener à une réalité transcendante qu’on peut penser présente de toute éternité et, même, en principe, à l’origine de ce monde ?
 
La seule réponse que l’on peut trouver à cela, et ça a été la réponse piagétienne, c’est celle de l’unité entre l’observateur et la chose observée, celle-là même que les expériences d’Alain Aspect ont démontré au niveau de la physique quantique.
 
Dans un tel cadre, toutes les objections (que le documentaire Zeitgeist avait si bien mis en avant) selon lesquelles le NT serait une resucée de mythes déjà présents dans l’histoire, de Sumer, de l’Egypte, etc. et dans lesquels l’astrologie joue un rôle clé.
 
Par exemple l’idée de la résurrection trois jours après la mort peut être plaquée sur le mouvement du Soleil au momment de l’equinoxe d’hiver.
 
Toute cette veine argumentative ne me gêne pas du tout car (faute peut-être d’en mesurer toutes les conséquences théologiques) on peut aisément réinterpréter (oui, c’est une interprétation) ces éléments comment étant préfiguratifs et/ou préparatoire de la forme accomplie que constitue le NT.

Je résonne ici en terme de systèmes dynamiques et d’attracteurs avec l’idée que des réplications se font qui introduisent des évolutions qui amènent à la forme fonctionnelle quand son temps est venu.

Bref, l’idée que le Christ ait été préfiguré par Osiris (je crois, je dis ça de mémoire, à partir du livre de Laurent Guyénot sur le Yahvisme) n’est absolument pas perturbante pour le croyant que je suis.

Les voies du Ciel sont infinies et je ne vois pas de problème à ce que la forme sacrificielle affirmée dans la trajectoire christique ait été préfigurée de quelque manière par des êtres passés, serait-ce même par des fictions passées.
 
L’important est que la forme émerge et qu’elle devienne opératoire, ne serait-ce qu’en tant que révélation de « choses cachées depuis la fondation du monde ».

En formulant tout cela comme je viens de le faire, je n’ai rien inventé. Les théologiens se sont toujours-déjà accommodés des éléments préfiguratifs qu’ils appellent les « graines de l’esprit » (je crois bien, mais à vérifier).
 
Bref, pour conclure, autant je ne crois pas que les forces de l’Esprit aient tenté de favorirser des avancées technologiques prodigieuses de l’espèce humaine il y a plus de dix mille ans, autant je veux croire qu’elles ne cessent de favoriser l’éveil d’une conscience humaine attentive au divin, à la transcendance, à l’Esprit, bref à la verticalité car c’est probablement la condition sine qua non d’une humanité réunie dans la paix et l’amour. Amen (je l’ajoute de suite pour couper l’herbe sous les pieds de ceux qui seraient tentés de le faire smiley).


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