Étirév 28 mars 16:21

Borée ou Hyperborée ?
Tout d’abord, faisons remarquer avec l’aide de René Guénon, qu’en sanscrit la « terre sacrée » polaire, siège du centre spirituel primordial de notre Cycle humain (Manvantara), est appelée « Vârâhî » ou la « terre du sanglier ». L’exact équivalent de « Vârâhî », est « Borée » ; la racine « var » (sanscrit), pour le nom du sanglier, se retrouve dans les langues nordiques sous la forme « bor » (de là l’anglais « boar », et aussi l’allemand « Eber »). Le mot « Borée » a donné le mot « Hyperborée » qui n’a été employé seulement par les Grecs à une époque où ils avaient déjà perdu le sens de cette antique désignation.
Faisons également remarquer que dans la langue gauloise « Bor » signifie aussi un « foyer », un « orbe », un « cercle », qui répond exactement au « foyer de lumière » du soleil levant, de l’Aurore. En y annexant le mot « rhé », « course » en gaulois (la racine « Rad », roue, a créé le mot « Rhéda » ou « Réda », l’antique char de course des gaulois), nous obtenons le mot « Bor-rhé » ou « Boré », pouvant signifier la « Course du Feu de l’Aurore », ce qui nous rapproche du « Char de Phaéton », ce « Coursiers du Soleil », ou bien de la « Merkabah », le « Char céleste, Véhicule de Dieu, qui permet à l’âme de voyager à travers les sept cieux ».
Pour revenir au « sanglier », c’est sur sa « terre » que résidait l’autorité spirituelle première, dont toute autre autorité légitime du même ordre n’était qu’une émanation. Il est donc naturel que les représentants d’une telle autorité aient reçu aussi le symbole du sanglier comme leur signe distinctif et l’aient gardé dans la suite des temps ; et c’est pourquoi les druides se désignaient eux-mêmes comme des « sangliers », bien que, le symbolisme ayant toujours des aspects multiples, on puisse en même temps y voir accessoirement une allusion à l’isolement dans lequel ils se tenaient à l’égard du monde extérieur, le sanglier étant toujours regardé comme le « solitaire » ; et il faut ajouter, du reste, que cet isolement même, réalisé matériellement, chez les Celtes comme chez les Hindous, sous la forme d’une retraite dans la forêt, n’est pas sans rapport avec les caractères de la « primordialité », dont un reflet au moins a toujours dû se maintenir en toute autorité spirituelle digne de la fonction qu’elle remplit.
Chez les Celtes, le sanglier et l’ours symbolisaient respectivement les représentants de l’autorité spirituelle et ceux du pouvoir temporel, c’est-à-dire les deux castes des Druides et des Chevaliers, équivalentes, au moins originairement et dans leurs attributions essentielles, à ce que sont dans l’Inde celles des Brâhmanes et des Kshatriyas.
De plus, le sanglier représentait anciennement la constellation qui, plus tard, est devenue la « Grande Ourse ». Précisons que dans la tradition hindoue, le nom le plus habituel de la Grande Ourse est « sapta-riksha » ; le mot sanscrit « riksha » (comme le celtique « arth », le grec « arktos » ou le latin « ursus ») est le nom de l’ours. Cependant, « riksha » désigne aussi une étoile, c’est-à-dire une « lumière » de manière générale (« archis », de la racine « arch » ou « ruch », « briller » ou « illuminer ») ; d’autre part, le « sapta-riksha » est la demeure symbolique des « sept Rishis », qui, outre que leur nom se rapporte à la « lumière », représentent la sagesse « supra-humaine », c’est-à-dire les sept « Lumières » par lesquelles fut transmise au cycle actuel la Sagesse des cycles antérieurs. C’est donc comme une sorte d’« Arche » dans laquelle est renfermé le dépôt de la connaissance traditionnelle, afin d’assurer sa conservation et sa transmission d’âge en âge. Dans une certaine période, le nom de « sapta-riksha » fut appliqué, non plus à la Grande Ourse, mais aux Pléiades, qui comprennent également sept étoiles. Rappelons que cette constellation a eu encore d’autres noms, entre autres celui de la « Balance ».
Il y a, dans cette substitution de noms, une des marques de ce que les Celtes symbolisaient précisément par la lutte du sanglier et de l’ours, c’est-à-dire la révolte des représentants du pouvoir temporel contre la suprématie de l’autorité spirituelle.
Il convient néanmoins de préciser que les deux symboles du sanglier et de l’ours n’apparaissent pas toujours forcément comme étant en opposition ou en lutte, mais que, dans certains cas, ils peuvent aussi représenter l’autorité spirituelle et le pouvoir temporel dans leurs rapports normaux et harmoniques, comme on le voit notamment par la légende de Merlin et d’Arthur.
Chez les Grecs, la révolte des Kshatriyas était figurée par la chasse du sanglier de Calydon. Et faisons remarquer que le nom de « Calydon » se retrouve exactement dans celui de « Caledonia », ancien nom de l’Écosse : en dehors de toute question de « localisation » particulière, c’est proprement le pays des « Kaldes » ou Celtes, et la « forêt de Calydon » ne diffère pas en réalité de celle de « Brocéliande », dont le nom est encore le même, quoique sous une forme un peu modifiée, et précédé du mot « bro » (« pays » en Breton) ou « bor » (ou « boar »), c’est-à-dire du nom même du sanglier. Il est d’ailleurs probable que ce nom des Celtes, comme celui des Chaldéens (ou Kaldéens) qui lui est identique, n’était pas originairement celui d’un peuple particulier, mais celui d’une caste sacerdotale, exerçant l’autorité spirituelle chez différent peuples.
Notons au passage que le mot « Lycaon », dont la racine grecque ancienne signifie « Loup » (le loup, « lykos », est pris ici dans son aspect lumineux, « lyké »), est presque la parfaite anagramme de « Calydon », cette citée d’Étolie, anagramme d’Étoile…
Les premières manifestations de cette révolte remontent beaucoup plus loin que l’histoire ordinairement connue, et même plus loin que le début du Kali-Yuga, période actuelle d’« obscuration », et dans lequel elle devait prendre sa plus grande extension ; c’est pourquoi le nom de « bor » a pu être transféré du sanglier à l’ours, et la « Borée » elle-même, la « terre du sanglier », a pu par suite devenir à un certain moment la « terre de l’ours ».
En effet, rappelons encore que chez les peuples du Nord, l’homme bestial était comparé à l’Ours. Le mot « barbare » ou « berber » (de bær-bor) signifiait chez les Boréens ceux qui portent l’ours, les hommes chasseurs, les insociables, doués d’une grande force musculaire. Par extension, on arriva à appeler ces hommes des « ours », ce qui voulait dire des gens non policés, vivant entre eux, loin des autres, et ne sachant pas se conduire dans la société des femmes. Cette épithète, d’abord mal prise, fut plus tard acceptée, et l’homme par réaction s’en para, comme d’un titre glorieux. Ainsi, dans le blason armorial commun des temps primitifs, l’ours figurait, et son nom « bor » (« ours » dans les langues Scandinaves) devint pour eux la racine du mot « Boréen ». Et, de fil en aiguille, le mot « Boréen » est devenu un titre d’honneur, dont on a fait « Baron » en Europe.
Lors de la grande émigration de la colonie voyageuse des féministes, dans les contrées vierges où elles allaient dresser leurs tentes, ces femmes emportèrent les sciences et les arts sauvés du naufrage (c’est ce qui, dans la légende du déluge, est représenté, c’est-à-dire remplacé, par des animaux vivants).
Et ceci explique que dans la grande révolution contre les femmes, alors que les hommes parcouraient toute l’Europe pour détruire leurs villes, ils trouvèrent seulement à l’Orient de la Baltique une nation imprenable, une invincible résistance. La Déesse des Estoniens avait là ses fidèles dévoués, établis pour pousser en avant la propagande féministe contre l’ennemi, dit Tacite. Ils portaient l’image du sanglier pendue à leur cou, c’est pourquoi du mot sus ils furent appelés Suiones (Suèdois), et du mot boar (sanglier) ils reçurent plus tard le nom de Borusses dont nous avons fait Prusse.
Suite


Ajouter une réaction

Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe