Christophe Christophe 12 novembre 2007 18:29

@Saï,

Il s’agissait de mettre le doigt sur cette idée largement répandue qui a une nette tendance à fausser le débat social dans le pays, voire à servir de base à une bonne part de la contestation. Et à la colère de ceux qui en subissent les conséquences en se retrouvant pris en otage, au motif (totalement présupposé lui) que l’opinion est solidaire du mouvement social en dépit du prix qu’il lui coûte.

Nous sommes d’accord sur ce point de vue ; mais il est aussi quelques présupposés de la part de ceux qui dirigent. La problématique est, à mon sens, un manque de transparence de tout côté.

Certes, seulement vous les renvoyez dos à dos et ce n’est pas mon cas. Les syndicats ont prévenu dès l’élection qu’ils pratiqueraient l’obstruction systématique de la politique gouvernementale et particulièrement en ce qui concerne ces réformes aussi nécessaires qu’attendues.

Je ne crois pas que toutes les organisations syndicales aient tenues de telles positions.

Outre l’influence reconnue (et parfaitement assumée par ces derniers) de cette position dans le bras de fer actuel, l’étendue même de celui-ci témoigne de l’écart général entre les revendications syndicales et les mesures gouvernementales. En d’autres termes les prétentions des représentants ont simplement été jugées préalablement irréalistes malgré plusieurs consultations. On est ici dans une logique de troisième tour social, prévu de longue date, dont la connotation fortement idéologique a gravement plombé le débat pragmatique que requièrent ces ajustements sensibles.

Le pragmatisme auquel vous faites référence est tout autant chargé d’idéologie que certaines positions syndicales. J’ai déjà eu l’occasion de le faire savoir, mais pour ceux qui cherchent des compromis dans des positions où les dirigeants et les organisations syndicales majoritaires tiennent chacun leur position dogmatique, la place de la négociation est quelque peu difficile à trouver.

En cela vous tenez le même discours que les organisations syndicales qui se retranchent en dernier recours derrière leur statut d’interlocuteur social et sa difficulté quand la grogne anti-blocage se fait trop forte.

Mon intention n’est pas de me retrancher derrière quoi que ce soit. J’assume autant mes positions devant mes électeurs que devant mes responsables syndicaux ; je m’oppose à ces derniers quand cela est nécessaire. Mon souhait était simplement de mettre en évidence que la négociation, particulièrement sociale, est souvent faussée. Il reste regrettable que les organisation syndicales utilisent les mêmes armes que les dirigeants ; à savoir la désinformation. Ce jeu de pouvoir me gonfle sérieusement ! smiley

La négociation est une chose délicate, certes. J’ai passé du temps à l’apprendre moi aussi. Mais savoir la mener sans se laisser guider par le moindre dogme, dites-vous ? Sans présupposé ? Vous estimez sérieusement que c’est là l’approche d’organismes comme la CGT et FO ? Une neutralité totale et pragmatique, dénuée d’idéologie, dans l’intérêt des travailleurs ? Allons...

Pour la pratiquer, je reconnais que vous avez raison pour la CGT. Pour FO, c’est encore et toujours l’organisation syndicale qui signe et a signé le plus grand nombre d’accords. Seulement, ils n’attendent pas d’être sous les feux de la rampe pour se montrer. D’ailleurs, les seuls à faire référence dans leur statut à la révolution prolétarienne sont la CGT et la CFDT.

C’est d’ailleurs toute l’origine du principe de consultation, par rapport à une vraie négociation. Ce gouvernement a été élu sur la base d’un programme économique en désaccord avec la répartition des ressources voulue par les syndicats. Ce qui rend une véritable négociation irréaliste.

Et c’est bien là tout le problème. Les rapports sociaux se lient par une approche constructive des problématiques à résoudre en tenant compte des intérêts de chaque partie. Dans un programme politique, si il est fait état de changements sociaux, cela est donc une décision unilatérale ; nul besoin de pseudo-consultation puisque, comme vous le dites, les jeux sont faits. N’est-ce pas justement là le plus gros problème apposé aux rapports sociaux dans ce pays ?

Mais c’est précisément là le problème : les syndicats ramènent toute discussion à cet angle d’approche. Or il ne faut pas tout mélanger. La réforme des régimes spéciaux est une mesure de financement (discutable, bien sûr) de l’assurance-retraite, alors qu’un véritable débat sur la répartition des richesses ne peut se faire qu’autour d’autres thèmes réellement appropriés, tels que les bénéfices de l’actionnariat par exemple. Une négociation où les interlocuteurs ne parlent pas de la même chose est nécessairement vouée à l’échec, bien que ce soit une vision très simplifiée du débat, je vous l’accorde.

Le syndicalisme doit-il s’insérer dans le débat politique à ce niveau ? J’en doute ! Nos gouvernants n’ont aucune volonté d’aller sur ce terrain ; et à nouveau nous tournons en rond !

De tout temps il a existé une concentration d’une grosse part des richesses entre les mains d’un petit pourcentage. C’est un constat faisable à l’échelle de l’humanité dont la modification n’est pas à la portée d’un gouvernement national. C’est aussi une situation qui, pour regrettable qu’elle soit en termes d’équilibre, permet l’investissement et la réalisation de projets ambitieux parce que cette concentration autorise un processus décisionnel efficace. Cet écart est donc appelé à durer, en France ou ailleurs. Et nos possibilités à échelle nationale sont seulement de le réduire suffisamment pour qu’un maximum de nos compatriotes y trouve son compte. En d’autres termes, envisager la répartition sociale sous l’angle d’une compensation systématique des besoins d’une majorité au pouvoir d’achat limité par un prélèvement sur le pourcentage le plus aisé est une douce utopie au niveau macro-économique. Qui sert pourtant, bien trop souvent, de fondement aux revendications, parce qu’il est légitime de faire valoir qu’en bossant deux fois plus que son voisin, on gagne deux fois moins que lui.

Nous ne sommes plus à ce niveau de comparaison, ni au niveau du questionnement concernant la centralisation de certaines richesses. Qu’il y ait des riches ne pose strictement aucun problème en soit ; je pense que nous seront d’accord sur ce point. Par contre, que la richesse se concentre de plus en plus dans les mêmes mains d’une minorité en constatant que certains de nos concitoyens, tout en travaillant, n’ont plus les moyens de subsister reste un problème qui, a mon sens, nous mènent à la catastrophe.

Quand au bilan des réformes à venir qui aurait montré qu’elles ne vont qu’accentuer le problème et à la présentation d’une solution alternative plus équitable, beaucoup de Français attendent ces informations avec la plus grande impatience pour s’unir comme un seul homme derrière la paralysie syndicale au programme ce mois-ci.

Les constats se font a posteriori malgré des positions bien plus nuancées des organisations syndicales lors des phases de négociation (ou de consultation). Il y a eu négociation pour l’Assurance Maladie et les Retraites. Le gouvernement est passé en force en manipulant l’opinion public. Pour l’Assurance maladie, nous sommes passés d’un déficit (quelques dizaines de millions de francs) qui était largement couvert par le dû gouvernemental à un abysse incommensurable (une bonne dizaine de milliards d’euro). Pour les retraites, laissons arriver 2008, mais le constat est déjà déplorable ; le modèle gouvernemental est indéxé ... sur le chiffre du chômage.

Enfin je vous rejoins sur les divergences d’intérêt lors d’une négociation et l’influence de celles-ci sur les blocages qui s’ensuivent lorsqu’aucun accord n’a pu être trouvé. Seulement, quand c’est tout un pays qui est pris en otage dans un bras-de-fer à la connotation clairement plus idéologique que pratique, ce n’est plus de la négociation, c’est à nouveau une minorité qui impose ses actions à la majorité. Sans en avoir la légitimité, à la différence d’un gouvernement démocratiquement élu sur la base d’un programme.

C’est le problème lié aux transports en général. Il y a des contingences due aux mouvements sociaux dans ces secteurs d’activité. Exprimer qu’il y a prise d’otage est encore forcer le trait. Quand à la légitimité, vous faites erreur, du moins à mon sens. Un programme politique est globalement acceptable et on vote pour ; c’est le cas d’un accord proposé, il est globalement positif et on le signe ; par contre cela ne veut absolument pas dire que l’on vote (on que l’on signe) une validation de chaque point.

Pour résumer je doute que les actions syndicales trouvent le même soutien de l’opinion qu’il y a douze ans. On aura bientôt la réponse.

Mais quelle importance !!! Si les salariés du public avaient besoins de ceux du privé pour soutenir leurs mouvements, cela se saurait, non ??? Je crois plutôt que c’est l’inverse qui est souhaité !


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