thomcom (---.---.108.193) 18 mars 2006 12:56

M. Bilger, à part votre passage sur les intermittents du spectacle, je trouve votre article fondé et suis abasourdi par le caractère vindicatif des commentaires qu’il suscite. J’ai rédigé quelques lignes plus haut, qui se voulaient sarcastiques sur cesdits commentaires, mais apparemment personne ne les a comprises, puisqu’elles n’ont pas déclenché les foudres de vos lecteurs. Donc, puisque la suggestion n’est pas efficace, soyons didactiques.

J’ai créé ma boîte en 2005 et me réjouissais de pouvoir embaucher en CPE deux jeunes créatifs avec qui je travaille depuis quelques mois... en free lance. Je leur en avais parlé et eux-mêmes étaient partants, alors même que cela induisait une réduction sensible de leurs salaires. Pourquoi ? parceque nous avons appris à nous connaître et nous faisons confiance. Je sais qu’en leur proposant un CNE ils n’iront pas chercher ailleurs ; ils savent que si je les intègre et leur paie des formations, ce n’est pas pour me débarrasser d’eux dans x mois, mais pour développer ma boîte. Alors, oui, pour une fois qu’on nous facilitait la prise de risques en nous permettant de nous rétracter si nous nous étions trompés, je suis dépité. Ce désir de tout contrôler, d’avoir toutes les garanties (s’il fallait être sûr de la pérennité de sa boîte lorsque nous la créons, nous vivrions tous dans des kolkhozes), tue ce qui fait la valeur d’une boîte : la confiance de ceux qui la composent.

Le CPE n’est certainement pas la panacée. La méthode est évidemment critiquable. Mais la confiance s’expérimente et grandit dans l’expérience : Gilles Guiraud a bien raison d’écrire que le plus raisonnable eut été de laisser une chance de 6 à 9 mois au CPE.

Bien sûr, le monde est devenu incertain, inintelligible, imprévisible, complexe. Parce qu’au fond, nous sommes libres et c’est une bonne nouvelle : la fin de la croyance en un progrès par les seules lois économiques est d’abord la fin du postulat selon lequel l’individu est un être prévisible réductibe à ses choix rationnels. L’enjeu n’est pas d’en faire un monde certain, mais de faire de l’incertitude un levier de création de valeur. En ce sens, c’est la notion même de performance de l’entreprise qui est à redéfinir. Le CPE nous y aidait un tout petit peu.


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