L’égoïsme de l’homme des villes
La misère semble être une sécrétion du progrès, des civilisations. Ce
n’est pas dans les campagnes (même en pleine crise), où la vie est
simple et sans ambitions, que la misère se tourne afflictive,
dramatique. Sa tragédie sans remède se développe plutôt dans les grandes
ville, dans les grandes capitales, d’autant plus insensibles et dures
qu’elles sont civilisées. La mécanisation, l’automatisme du progrès qui
transforme les hommes en machines, l’isolent brutalement substituant ses
gestes et pulsions affectives par de compliqués et froids engrenages.
L’homme des villes, modelé, sculpté dans sa propre lute contre les
autres qui lui disputent sa place au soleil, est peut-être sans s’en apercevoir,
l’incarnation de son propre égoïsme.
Antonio Oliveira Salazar