Elias (---.---.122.123) 10 avril 2006 19:19

Je n’ai pas lu tous les commentaires, mais il me semble que l’on a oublié un point important.

Un état qui emprunte crée un effet d’éviction sur les marchés financiers, c’est à dire que son intervention, massive, fait monter les taux d’intérêts, évinçant, de fait, de potentiels investisseurs privés.

La question est alors la suivante : la dépense publique est elle plus efficace que la dépense privée ?

La réponse que l’on apporte à cette question est cruciale, et n’est pas évidente (c’est d’ailleurs là une question d’idéologie).

Cela dit, il est important de constater qu’une partie de la dépense publique est favorable aux entreprises (les plus grosses souvent...).

Le problème majeur de la dépense publique, et de ses corollaires, l’impôt et la dette, est le suivant : comment l’affecter ?

L’affectation est souvent favorables à ceux qui sont capables de mobiliser une forte puissance politique (par l’intermédiaire de voix ou de financement de parti), c’est à dire les syndicats de salariés, d’un côté, et les grandes entreprises, de l’autre.

Aux USA, certaines grosses entreprises profitent même de medicaid (la sécu US). Je pense tout particulièrement à WalMart, qui paie tellement mal ses employés, que l’entreprise peut se passer de leur fournir une mutuelle (il n’y a pas de petites économies).

Ceci dit, j’aimerais adresser le message suivant aux idéologues de droite comme de gauche. Le libéralisme est le fondement de la démocratie. Il est fondé sur la vision coût-avantage qui anime tous les Hommes. Cependant, cet avantage n’est pas forcément purement financier (il s’agit d’utilité : on pourra préférer une qualité de vie supérieure, ou plus de loisir etc., à plus de fric).

Le jeu libéral est le suivant : chacun essaie de maximiser son avantage, et de minimiser son coût. Les entreprises cherchent à maximiser leurs profits, et les syndicats les salaires (ou tout autre avantage).

Il me parait normal que tous le monde veuille une part du gateau de la création de richesses, en passant par la démocratie. C’est pour ça que je trouve ridicule que l’on stigmatise les syndicats ou les entreprises (selon l’idéologie), qui suivent leurs intérêts. Point barre.

Le problème qui nous a concerné pendant quelques semaines, le CPE, nous montre l’étendue du mal français. Nos politiciens ont besoin d’avoir de grandes idées pour se faire élire, parce que les Français ont la facheuse habitude d’attendre le messie (c’est très Gaullien, façon France Eternelle).

Pour exister, ils court-circuitent les discussions entre le patronat et les syndicats (ce qui aurait permis de trouver des accords sauvegardant les intérêts de tous), et cherchent à s’imposer comme des sauveurs, alors que leur connaissance du sujet est relativement limitée. Les hommes politiques, de droite comme de gauche, font ceci pour se rendre indispensables, en démonisant tour à tour les syndicats et le patronat.

Le résultat, c’est un truc hybride, qui ne satisfait personne, et qui fout la merde entre employeurs et employés, qui s’affrontent de fait (les employés se sentent précaires, les employeurs se sentent étouffés, ce qui profite... aux plus grandes entreprises).

C’est nul. Parce qu’ils en oublient les fondements même de leur action. C’est à dire, pour le PS (j’en fait partie), par exemple, la défense des libertés civiles, la promotion d’une justice sociale, la défaite de la misère.

Je suis sûr que l’on peut trouver des principes similaires à droite.

Elias


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