asterix asterix 13 septembre 2011 21:13

Bonjour Madame,
Je vous remercie de votre courrier d’abord.
Ceci dit, lorsqu’on aborde le phénomène Nation, nous avions, nous Belges, le privilège de ne pas en avoir une. Ce qui nous unissait, outre un territoire qui nous a été imposé par le concert des Nations, c’était non pas un drapeau mais des valeurs de solidarité qui ont évolué avec le temps, qui se sont délayées avec l’influence de plus en plus grande du mouvement flamand dont l’idéal consiste justement à se constituer une nation propre.
En tant que francophones, nous n’avons pas vu le coup venir, se disant un peu naïvement que la belgitude, ce qui nous différencie de vous, allait suffire pour aplanir ces différences.
La création de l’Europe nous a fait penser à autre chose, un autre idéal basé sur le refus de la guerre, l’union économique, sociale.
De mon point de vue, cette union aurait réussi si l’Europe de l’économie n’avait pas voulu étendre à tout prix et trop vite, beaucoup trop vite, la communauté.
L’Europe sociale restée sur le carreau, nos peuples n’ont compris le danger que lorsque des pans entiers de la production furent délocalisés pour payer moins de salaires, moins de charges, laisser au grand patronat le soin d’engranger plus de bénéfices. Nos socialistes, se fiant aux conquêtes sociales qu’ils croyaient de béton, se sont endormis sur leurs lauriers, ont participé à la destruction en avalisant ce délitement.
Si j’étais comme vous Français, il est probable que ce mot Nation me donnerait le sentiment d’appartenance à une communauté de valeurs.
Notre évolution fut différente, car la Nation nous est revenue comme un boomerang mais cette Nation-là, lorsque nous nous sommes rendus compte de son émergence, ce n’était plus la nôtre, mais celle qu’est en passe de se créer la Flandre.
Tout petits que nous soyons, le mot région nous parle beaucoup plus sur base de ce nouveau clivage, dernière tentative vaine des francophones de conserver un tant soit peu d’idéal commun.
Bref, le seul état que nous connaissons, celui qui est créateur de 80 % de nos lois, c’est l’Europe. Qu’elle s’attache à diminuer tant que faire se peut l’influence des Nations est pour moi une bonne chose, le malheur voulant que les régions reproduisent à l’étage inférieur toutes les divisions qu’elle eut dû gommer gommer.
Je ne vois dans cette évolution qu’un danger. La Padanie traite les Italiens du sud de paresseux ; la Catalogne ne se sent plus espagnole, le Munichois se moque de son compatriote de la Rhür etc... etc...
De mon point de vue, la seule union possible dans ce monde qui devient de plus en plus petit ne peut reposer que sur une base commune : la langue, vecteur de la culture.
D’où mon indignation devant la situation que nous connaissons chez nous : près d’un demi million de Belges francophones sont attaqués sur cette seule valeur par la partie adverse qui veut les délayer, les forcer à accepter qu’il s’agit de leur sol.
Elle a trouvé le truc : le portefeuille. Aujourd’hui, la Flandre est forte et riche. La Wallonie est faible et pauvre. Et tous les petits possédants s’inclinent car leurs préoccupations ne sont pas culturelles mais financières. Ils en viennent donc à accepter le diktat culturel pour se protéger.
Là où je vous rejoins à 100 % c’est que ma vraie Nation, c’est effectivement la France. Si nous ne sommes pas compatriotes, c’est à cause de votre Napoléon. Et si ce pays créé de toutes pièces avait consacré le fait qu’il parlerait français, nous n’aurions pas eu tous ces problèmes. Mais voilà, nous avons respecté la culture de l’autre.
Il nous le renvoie en nous crachant à la figure...
La seule certitude que j’en retire, c’est que je ne me sens plus Belge. Ce mot n’existe plus pour 4,6 millions d’apatrides qui vivent sur leurs propres terres.
Je vous remercie de votre intervention.
 


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