Amada 31 mars 2012 15:03


Bonjour à tous,

Dommage que la discussion qui a suivi l’article se soit éloignée des textes.
Dommage aussi que les textes deux-mêmes soient mélangés (par exemple la Bible pour définir le christianisme, alors que ce qui le fonde ce sont les Evangiles, et que les Bibles juives et chrétiennes diffèrent entre elles, etc).

Pour ma part, j’ai lu les trois (ancien testament, nouveau testament, Coran) entre autres’. Cela fait des années que je m’y intéresse.
Pourquoi ? Parce qu’ainsi que de nombreux chercheurs l’ont démontré, les « mythes » qui fondent les cultures les déterminent en profondeur. Sachant aussi que ces mythes émergent dans des conditions géographiques données. Ce n’est par pour rien que là où les monothéismes dominent, domine aussi la pratique de la monoculture et que là où les polythéismes dominent, domine celle des polycultures, par exemple. Où que ce soit essentiellement l’Occident chrétien qui ait développé la chirurgie (cf les études de F. Laplantine), en cela en parfait accord avec le « enlever le péché du monde » etc.
On peut aussi lire Pierre-henri Castel : il montre comment les « pathologies » et leurs traitements ont évolué au fil des siècles en Occident au fil des conditions socio-culturelles du moment. Ou suivre N. Elias, etc. L’un des intervenants de la discussion rapelle la grande différence entre des textes religieux où la gestion du quotidien est précisément prescrite (le lévitique par exemple, ou tout au long du Coran ) et ceux où il n’en est pas question (les Evangiles). Or, en prenant ainsi du recul, et en étudiant de près les évolutions historiques, il est clair que c’est sur un terreau gréco-judéo-chrétien (et pas ailleurs) que la démocratie a émergé, ainsi d’ailleurs que, très lentement et très récemment, l’égalité homme femme. (Cf la mise en lumière des liens étroits qui lient les 10 commandements de l’ancien testament et la déclaration universelle des droits de l’homme et du citoyen effectuée par A. Chouraki ou Marie Balmary).

Ce que je veux dire et je suis en cela, il me semble, en accord avec l’une des intentions de l’auteur de cet article est que les représentations du monde conscientes ou non (les mythes fondateurs peuvent être actifs à notre insu (cf les exemples de la chirurgie ou de la mono culture) de nos cultures nous forment que nous le voulions ou pas à tels ou tels comportements, positionnements, etc.
De façon lapidaire nous devenons ce que nous pensons.

L’ancien testament raconte des histoires - Marguerite Duras a, je crois, dit à son propos que c’était le plus grand roman de tous les temps - et prescrit un certain nombre de règles à partir des tables de la loi : il y en a 10 dont la fort connue « tu ne tueras pas ».
Les Evangiles nous racontent une autre histoire, celle de Jésus et rapportent ses paroles. A la question de savoir quel était le plus grand commandement à son avis, Jésus répond (je résume) « tu aimeras le seigneur ton dieu de toute ta force, et le second qui lui est apparenté, ton prochain comme toi-même ».
Le Coran ne raconte pas d’histoires. De sourate en sourate défilent une série d’affirmations,de préceptes et de règles de vie, dont de très nombreux sont violents et fort éloignés du « tu ne tueras pas », la plupart doublés d’un « Allah est grand et miséricordieux ». Ceci est un fait et non une « interprétation tordue ou ignorante ». Qu’y défilent aussi des paroles de paix ne peut en occulter les paroles guerrières. D’ailleurs, je n’ai pas pu, pour ma part y repérer le « plus grand commandement », la structure fondatrice.

Et, je ne vois pas comment le verset 38 de la sourate 4 ou, très clairement les hommes sont définis par Dieu comme supérieurs aux femmes peut être compatible avec des démocraties où l’on s’efforce, au contraire, d’instaurer leur égalité. (De plus je ne vois pas en quoi, en tant que femme, je serais concernée par un Dieu qui me promet je ne sais combien de milliers de vierges à ma disposition lorsque je rentrerai au paradis. A croire que ce Dieu là ne s’adresse qu’à ces messieurs, au fond).

Si la première altérité à laquelle sont confrontés la totalité des humains est celle des sexes, comment parvenir à des rencontres face à face, égalitaires et fraternelles entre tous les hommes, si on ne commence pas par y parvenir à ce niveau là ? 
Constatant la lenteur avec laquelle un terreau qui affirme « au royaume des cieux il n’y a ni grecs, ni juifs, ni hommes, ni femmes » (Evangiles) est parvenu a générer de la démocratie et à installer tout une société sur un triptique  « liberté, égalité, fraternité » pour tous (non sans écho avec un Dieu à la fois un et trine) ainsi que la laïcité, je ne peux que refuser qu’on cherche, au nom de la tolérance et de la non discrimintation, à imposer à la Res Publica (la raison publique) des textes fondateurs et des comportements (burqa, tourisme halal ou hommes et femmes sont séparés, etc) sexistes.

Cordialement à tous
Amada


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