Christian Labrune Christian Labrune 17 avril 2012 22:41

@Le Sudiste
Je crains que vous ne confondiez plusieurs plans, et d’abord l’action des états et celle des individus. Vous avez comme moi une nationalité, je suppose que vous êtes français. Si je vous dis que vous êtes responsable d’un certain nombre d’exactions commises dans le passé et même plus récemment par votre pays, vous me demanderez de nuancer et vous n’aurez pas tort. Prenons le cas du Rwanda où il y a eu un génocide atroce. On a incriminé un certain laisser-faire des autorités françaises. J’éviterai de me prononcer là-dessus, je connais trop mal la question, mais supposons que la suspicion soit quelque peu justifiée et que je vous accuse, étant Français, d’être un salaud. Vous trouverez cela excessif parce que, peut-être, vous avez commencé comme moi et comme beaucoup de Français à vous préoccuper du Rwanda APRES le génocide : personne ne vous avait jamais demandé votre avis là-dessus et vous ne saviez peut-être même pas ce qui s’y passait.
La bombe d’Hiroshima était-elle nécessaire ? Fallait-il même écraser Dresde sous les bombardements ? Tout cela a été atroce et on ne peut que regretter.
Maintenant, fallait-il être pacifiste, en 39, et laisser le Reich s’étendre sans réagir ? Fallait-il, comme le voulait Déat, qu’on refusât de « mourir pour Dantzig » et préférer une collaboration avec l’hitlérisme dont il n’a pas tardé à donner l’exemple ? Et s’il n’y avait pas eu la dissuasion atomique, où en serait-on, sous la botte de quelque nouveau Staline, peut-être ? « Plutôt rouge que mort » a souvent été la maxime des pacifistes, à l’époque de la guerre froide.
On pourrait certes condamner l’humanité tout entière, et donc vous et moi, au titre d’un gigantesque crime contre l’humanité.
Cela dit, en tant qu’individus, nous n’avons encore tué personne, et personne, à moins d’être complètement cinglé, ne peut prétendre légiférer dans son coin sur la nécessité d’exterminer son semblable. Les terroristes, au nom d’une idéologie dont ils se font une religion, s’arrogent ce droit : ils prétendent pouvoir se justifier pour des raisons qui sont toujours métaphysiques En fait, ils ne peuvent se réclamer que du droit du plus fort. Expression idiote que démonte très bien Rousseau dans le Contrat Social : le droit du plus fort, c’est l’absence même du droit.
Reste donc la guerre, où s’affirme le droit des états. Je voudrais bien qu’elle fût hors-la-loi, comme le voulaient aussi les poilus qui avaient survécu à la boucherie de 14, mais je n’aurais sûrement pas été pacifiste en 39 et je ne le suis pas plus en 2012, parce que ce serait une position lâche et criminelle dans la plupart des cas. Mais sur la question de la Libye, par exemple, j’étais extrêmement opposé à toute intervention. Tout cela n’est pas simple, c’est le moins qu’on puisse dire.
 


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