louphi 23 décembre 2012 23:47

Jaja

« Je me suis arrêté là.... Si Bakounine se réclame effectivement de l’anarchie ce n’est le cas ni pour Trotski ni pour Makhaïski... »

Tout d’abord, je n’ai pas écrit que Trotski et Makhaïski se réclamaient eux-mêmes de l’anarchie. Cette affirmation gratuite est le fruit d’un cerveau dystrophié par le jaja.

Ensuite, je comprends que ce qui est évident pour moi ne le soit pas forcément pour un cerveau atteint de dystrophie aiguë. J’accepte donc encore de jouer les éclaireurs.

Les anarchistes et les trotskistes sont une fratrie sur le plan tant idéologique que politique. Les individus qui composent cette fratrie de la contre-révolution bourgeoise se veulent insaisissables car ce sont des gens toujours à multiples faces. C’est particulièrement le cas de Trotski qui fut, entre autres caractérisations, qualifié de « voltigeur » par Lénine :

« Les vieux militants marxistes russes connaissent bien Trotski et il est inutile de leur en parler. Mais la jeune génération ouvrière ne le connaît pas et il faut lui en parler, car c’est là une figure typique pour les cinq groupes étrangers qui flottent entre les liquidateurs et le Parti. Au temps de la vieille Iskra (1901-1903), ces éléments hésitants qui allaient continuellement des économistes aux iskristes et vice-versa, avaient été surnommés les « voltigeurs ». (Lénine - Sur la violation de l’unité au cri de : « Vive l’unité ! », Œuvres complètes, t. XVII, p. 393-394, éd. Russe).

Trotski était donc un opportuniste particulièrement coriace qui mangeait à toutes les sauces, y compris la sauce de l’anarchisme. La caractéristique principale de l’anarchisme est la négation de la nécessité de l’Etat dans le processus de transition de la société capitaliste à la société communiste. Cette négation anarchiste de l’Etat de dictature du prolétariat était présente chez Trotski. Ainsi, en bon anarchiste qui se respecte, Trotski portait en lui, tout comme Makhaïski, la haine de l’intelligentsia révolutionnaire prolétarienne. Chez Trotski, cette haine se manifestait contre l’Etat de dictature du prolétariat, la « Nomenklatura » selon la terminologie anarchiste, qu’il cherchait à détruire :

« Aussi, déclarons-nous, au nom du Parti tout entier, que Trotski mène une politique hostile au Parti, qu’il détruit la légalité du Parti, qu’il s’engage dans la voie des aventures et de la scission. » (Lénine - Tome XV, p.65, éd. Russe).

Quant à Makhaïski, l’Etat marxiste-léniniste avait déjà caractérisé le makhaïevskisme comme étant « une théorie anarchiste petite bourgeoise, avant-garde des chômeurs, des miséreux et même des voyous » (Pravda N°50, 2.3.1926). En outre, la fratrie anarchiste elle-même classe Jan Waclav Makhaïski  dans sa liste des Théoriciens de l’anarchisme (1). Ce ne sont là que des proximités avec l’anarchisme qui ne démontrent pas que Makhaïski lui-même se soit perçu comme étant anarchiste, répliquera certainement l’anarcho-trotskiste jaja. Mais, point besoin d’aveu personnel d’appartenance à une tendance idéologique et surtout politique. L’analyse des discours oraux ou écrits suffit. En effet, l’anarchisme se contente de décréter « la démocratie directe », « le communisme tout de suite », « l’expropriation du savoir des intellectuels » par une grève générale, « la répartition des biens de la civilisation, dans leur totalité, de façon égalitaire ». Tout cela par quel moyen ? A cette question fondamentale, l’anarchisme reste muet, dans le meilleur cas évasif. Quelles que soient ses formes d’expression, le socle de l’anarchisme est toujours le même : la négation de l’Etat prolétarien comme instrument transitoire du capitalisme au communisme. Et c’est à partir de ce socle anarchiste de la négation de l’Etat que Makhaïski théorise, en particulier dans son fameux ouvrage anarchiste intitulé « Le socialisme des intellectuels ». Makhaïski s’en prend ainsi à l’appareil d’Etat socialiste.

Toutefois, contrairement au vieil anarchisme bakouninien sans tactique, le makhaïevkisme (makhaïevchtchina), qui avait grandi dans le lit du vieil anarchisme russe de l’époque tsariste, s’adapte, se montre plus subtil, plus rusé et se donne une tactique de désorganisation de l’Etat dans la période de dictature soviétique du prolétariat. Ainsi, au lieu de  théoriser frontalement contre l’Etat soviétique, la nouvelle critique anarchiste s’invente une classe, « la classe des intellectuels » qui devient ainsi sa cible privilégiée. Nul doute qu’en ciblant la soi-disant « classe des intellectuels », le nouvel anarchisme makhaïevskien vise en fait à tarir la base de recrutement des agents de l’Etat par le découragement des éléments aptes à assurer le fonctionnement indispensable de l’Etat soviétique. Au bout du compte, le résultat est le même que celui du vieil anarchisme bakouninien : l’arrêt de la dictature du prolétariat par dislocation de l’Etat soviétique. Ce résultat serait à coup sûr heureux et merveilleux s’il n’y avait plus aucun risque pour le maintien du « communisme » makhaïevskien, par exemple s’il n’y avit plus de classe en URSS, s’il n’y avait plus de capitaliste aux frontières ou dans un coin quelconque du globe terrestre se préparant à renverser militairement le « communisme » makhaïevskien, à s’emparer de son territoire pour y restaurer le capitalisme. C’est cette utopie que l’Etat soviétique sous Staline avait dénoncée avec perspicacité en caractérisant le makhaïevskisme comme étant un « courant petit-bourgeois, réactionnaire, proche de l’anarcho-syndicalisme » (Encyclopédie soviétique – Moscou, 1938, tome 38, p.493).

Il va sans dire que pour le marxisme, « Entre la société capitaliste et la société communiste, se place la période de transformation révolutionnaire de celle-là en celle-ci. A quoi correspond une période de transition politique où l’Etat ne saurait être autre chose que la dictature révolutionnaire du prolétariat  » (Marx- Critique du programme de Gotha). Cependant, loin de prôner le maintien éternel de l’Etat, et contrairement à l’anarchisme qui rejette tout Etat et veut l’instauration du communisme tout de suite par une baguette magique, le marxisme quant à lui prévoit et prépare les conditions de l’extinction progressive de l’Etat. Au terme de ces conditions, « L’Etat s’éteint, pour autant qu’il n’y a plus de capitalistes, plus de classes et que, par conséquent, il n’y a pas de classe à mater. » (Lénine – L’Etat et la révolution).

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(1) http://savoir-du-monde.fr/Jan_Waclav_Makha%C3%AFski


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