Torvald (---.---.76.119) 30 septembre 2006 12:36

Mais, en fait, l’attaque allemande contre l’Union soviétique n’aurait pas été possible sans les produits pétroliers venant des USA. L’écroulement allemand sur le front Est entraîna la décision rapide d’élaborer des plans pour une traversée de la Manche. Il fallait aider Staline, « allié mal-aimé mais indispensable », mais aussi se préparer à limiter ses succès et son avancée rapide possible vers l’ouest.

Il faut espérer que c’est un résumé rapide du chapitre concernant l’invasion de l’URSS.
Il y avait bel et bien un blocus économique de l’Allemagne (et du Japon) surtout pour les matières premières stratégiques comme le pétrole.
Les USA étaient en pleine reconversion pour aider l’Angleterre qui sortait du Blitz bien talée, et pour combler les millions de tonneaux qui coulaient au fond de l’Atlantique, lui-même véritable tonneau des Danaïdes économique.

Par ailleurs le fait que la et les guerres aient profité à l’industrie américaine est une autre question qui est apparemment bien traitée, mais qui ne peut pas remettre en cause les principes de base des alliances.

Qu’on ait épargné certaines usines certes, mais le tonnage de bombes déversé sur l’industrie reste le même, c’est-à-dire énorme, et si la machine économique a pu continuer à tourner, c’est avec des méthodes technocratiques avancées pour l’époque, dirigées par un Todt puis un Speer et le fait que des bombardements n’ont jamais pu casser quoi que ce soit dans l’élan d’un peuple, idem au Vietnam.
Speer, dixit « La chute » dit clairement à Hitler qu’il a saboté ses ordres insensés de destruction.

On connaît l’imagination des savants chimistes allemands pour contourner le blocus en fabricant des dérivés, le buna par exemple pour remplacer le caoutchouc, sans parler des fameux ersatz pour la population, la margarine à la place du beurre et tutti quanti.
Le rationnement a toujours existé après la première guerre mondiale. Quand ils sont arrivés en France en 40 les soldats de la wehrmacht mangeaient des plaquettes de beurre avec le papier, et des barres de chocolat qu’ils n’avaient encore jamais vues.

Pour le pétrole, les nazis ont utilisés les ressources des pays conquis avant juin 41, en Roumanie et dans le Caucase.

L’auteur va jusqu’à dire que « sans les camions, chars, avions fournis par les filiales de Ford et de GM, sans les grandes quantités de matières premières stratégiques, notamment le caoutchouc, l’huile de moteur, le gazole et autres carburants acheminés par Texaco et la Standard Oil via des ports espagnols, les forces tant terrestres qu’aériennes n’auraient sans doute pas battu aussi facilement leurs adversaires en 1939-1940... Sans la technologie la plus avancée de communication et d’information fournie par ITT et IBM, Hitler n’aurait pu que rêver de »guerres-éclair." (p.43)

Cette « aide » n’a pu être que marginale compte tenu des besoins faramineux pour les chars, les véhicules et l’aviation.
Idem pour les livraisons de blé effectuées par Staline dans le cadre du pacte germano-soviétique.
C’est un peu comme la ligne Maginot dont l’équipement électrique a été réalisé par Siemens. Ca ne change rien au fait que la ligne était un rempart infranchissable. Les nazis l’ont bien compris, qui l’ont contournée.

Il semble que l’argumentation soit convaincante pour l’après WWII mais pas tant pour le déroulement de celle-ci.

La bombe atomique constituait « un marteau », comme disait Truman lui-même, qu’il brandirait au-dessus de la tête de « ces gars au Kremlin ».

Les déclarations de Truman ne sont pas à prendre au premier degré. Comme beaucoup de politiciens il a appris son métier en le faisant. Quand il se retrouve président il n’y connait pas grand-chose en matière de politique internationale, rien au projet Manhattan, il était le relais de Roosevelt dans le pays et le Deep South comme sénateur du Missouri.
Il a mis 6 ans pour comprendre ce qu’était l’arme atomique, pour en arriver, en 1951, à limoger MacArthur qui voulait l’utiliser en Chine suite à la guerre de Corée.
D’une part il y a eu la surprise de la mise au point aussi rapide de la bombe par les Russes et d’autre part les deux largages de Hiroshima et Nagasaki ont dû tout de même lui peser *.

Il utilise un double langage, roulant les mécaniques à l’extérieur, mais en veillant soigneusement à conserver l’arme atomique comme strictement disuasive, même et surtout quand les soviets l’ont eue à leur tour.
D’ailleurs les républicains ne s’y sont pas trompés. Ils jugeaient la politique de Truman trop molle et ont remplacé le « Containment » par le « Roll-back ».

* je dois être un incorrigible naïf car je crois toujours au « facteur humain ». En l’occurrence il a pu jouer dans le mauvais sens pour la décision de larger les bombes A, mais dans le bon dans la suite de la guerre froide.

Toutes choses égales par ailleurs, c’est-à-dire le chaos, les quiproquos, les pataquès, les malentendus habituels dans ce genre de situation : lectures des messages codés par les uns, sous-estimation des mêmes par les autres, religions, fanatismes, croyances diverses et variées, météo etc... la décision d’en finir paraît s’expliquer rétrospectivement par le Vietnam.
(à ne pas confondre avec l’Irak, le cas est totalement différent)

L’hyper puissance semble incapable de supporter l’enlisement, a fortiori après 4 ans de combats intensifs et continus. Et il est impératif qu’il y ait une capitulation visible aux yeux du monde entier et pour l’histoire sinon le Japon recommencera 3 mois plus tard.

cf l’émission sur Arte du 27/09/06, ce serait le conseiller Byrnes qui l’aurait emporté pour des considérations de politique intérieure, pour en finir « une bonne fois pour toute ». Donc l’argument de ramener les boys back home n’est pas totalement infondé.
D’ailleurs il sera utilisé puissamment à chaque fois comme promesse électorale, non tenue évidemment par définition, par Eisenhower, Johnson, Nixon, et Carter pour les otages en Iran.


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