Christian Labrune Christian Labrune 14 octobre 2013 10:44

@Epicure et François-Xavier
Vous êtes dans la croyance naïve qu’on pourrait arrêter à un moment donné le développement des techniques. Mais à quel moment ? Dans son « Discours sur l’inégalité, un Jean-Jacques Rousseau mécontent de son temps, tout comme vous, s’efforçait d’examiner le fonctionnement des sociétés humaines depuis leur origine. Il n’avait pas les connaissances que nous avons sur la préhistoire, mais il s’efforçait de reconstruire rationnellement cette évolution. Pour arriver à cette conclusion que le malheur des hommes avait dû commencer lorsque l’individu ne pouvant plus se contenter de son arc, de sa pirogue, de quelques outils qu’il était capable de fabriquer TOUT SEUL devenait dépendant des autres, entrait dans un système de spécialisation des activités qui implique nécessairement des échanges économiques et l’invention de la propriété. Cet état de l’humanité, nous le savons aujourd’hui, correspond à ce qui précède la grande révolution du néolithique, il y a un peu plus d’une dizaine de milliers d’années. Est-ce à cet état que vous souhaitez revenir ?

A l’époque de Rousseau, on commençait tout juste à entrevoir la puissance des machines à vapeur, on ne maîtrisait ni l’électricité ni la fission de l’atome, et certains esprits chagrins pensaient pourtant déjà que »c’était mieux avant". Voulez-vous qu’on en reste là où nous en sommes ? Qu’on se contente de l’énergie solaire, de celle des marées et du vent, pour faire le beurre, soit dit en passant, des entreprises qui ont d’énormes intérêts dans le développement de ces sources d’énergie à la mode ? Voulez-vous qu’on cesse de chercher autre chose ? Cela implique aussi qu’on en reste à la fission de l’atome, qu’on abandonne la recherche sur la fusion des noyaux d’hydrogène, laquelle devrait pouvoir aboutir avant la fin du siècle, et produire des quantités d’énergie sans rapport avec celles dont nous disposons actuellement, et sans production d’élémentss hautement radio-actifs (la période de désintégration du tritium est inférieure à un siècle). La quantité d’énergie électrique dont il faut disposer pour faire fonctionner les serveurs de l’internet, on ne le sait pas assez, est considérable ; elle augmente sans cesse. Faut-il renoncer à l’Internet ? Faudra-t-il renoncer aux recherches sur l’ordinateur quantique, sur l’intelligence artificielle ? Faudra-t-il renoncer aussi à la recherche en médecine ? A la recherche sur les nano-technologies qui sont à la charnière entre la génétique et l’informatique ?

Vos rêveries n’ont aucun rapport avec la réalité des choses. Vous répétez sans réfléchir cette idée que la planète est petite, que ses ressources sont limitées. Elles le sont en effet, et il serait bien évidemment souhaitable de limiter la démographie, mais vous observerez si vous réfléchissez un peu que les surfaces cultivées, dans un pays comme la France, qui fut un pays d’agriculteurs, ne cessent de régresser alors que la production augmente, et souvent jusqu’à la surproduction. Au XIIIe siècle, les rendements agricoles étaient très faibles ; pour les céréales, on ne récoltait souvent que deux fois ce qu’on avait semé. On passe à cinq fois, après la renaissance. Et aujourd’hui ? Je n’ai pas les chiffres en tête et je ne voudrais pas dire des bêtises, mais renseignez-vous un peu et vous serez étonné.
Cette évolution ne cessera jamais, elle ne fera que s’accélérer, et c’est heureux, même pour les rêveurs obscurantistes, lesquels ne supporteraient absolument pas de vivre comme on le faisait encore à l’époque de Jean-Jacques Rousseau.



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