Philippe Aigrain Philippe Aigrain 9 novembre 2006 08:58

Vous posez une questions (plusieurs ?) très profonde(s), et je ne voudrais pas y réagir trop hâtivment. La définition du politique comme « une force organisatrice qui unit dans un espace et qui sépare d’une extériorité » reste valable, mais dans un contexte ou l’union et la séparation ne peuvent être que partielles. C’est pourquoi je parle d’autonomisation et non de souveraineté ou d’indépendance. Il y a multiplicité des appartenances et des identités individuelles et collectives. La question que je pose c’est effectivement comment éviter que cette pluralité ne soit une dilution, une démission du faire ensemble dans divers espaces. Sur l’image braudélienne des espaces politiques émergeant autour des centres, des empires : oui je crois que nous voyons des choses de ce genre et en verrons plus, mais il peut y en avoir de bien différentes, tribales (la séparation dans un espace donné), séparatistes (la clôture souverainiste d’un espace donné) ou au contraire articulées les unes aux autres de façon plus complexes et plus respectueuses les unes des autres. Pourquoi ai-je l’optimisme de penser que cette dernière option a ses chances, bien que les autres aient l’attrait de la simplicité ? Parce qu’il y a une extraordinaire libération à ne pas être assigné à une seule identité à condition qu’on n’en perde pas pour autant le sens du collectif. Mais aujourd’hui cette libération n’est accessible qu’à bien peu de gens, tant d’autres étant enfermés dans des espaces (d’action et de vie) réduits par les conditions qui leur sont faites, tout en étant cependat ballotés dans la cacophonie du monde télévisé. Pas étonnant alors qu’à l’extrême les marques tiennent lieu d’appartenances, la violence de seule manifestation possible de l’autonomie, le sectarisme de refuge. Bref mon optimiste n’est pas béat. J’en reste là pour l’instant.


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