Xavier Dumoulin (---.---.98.246) 16 décembre 2006 11:01

Qu’ils sont sévères ces pourfendeurs de la chevènementie ! Pas de mots assez durs pour stigmatiser la posture du Che et de ses amis. Aucun argument ne sera épargné. Amalgames, inexactitudes, jugements péremptoires...Il faut hurler avec les loups ! Tout a commencé bien avant la fatwa de Lionel Jospin, ce mal aimé des français. Nous sommes à Epinay en 1971. Un jeune statège travaille avec ses amis qui ont investi la vieille maison de la SFIO. Il est prêt à soutenir un certain François Mitterrand sur une ligne de rupture avec le capitalisme et d’Union de la Gauche. C’est chose faite grâce à l’appui du CERES. Jean Pierre écrit le projet socialiste et négocie aux côtés de F Mitterrand le programme commun.Incontestable. Nous voici à Metz en 1979 avec l’affrontement des deux lignes : celle de Rocard(la société civile,contre le jacobinisme et l’étatisme,contre les nationalisations franches, le plan etc.)et celle de la fidélité à l’Union de la Gauche(« entre le plan et le marché il y a le socialisme » disait alors Fabius). Où est Jean Pierre Chevènement ? Metz permet ensuite la victoire de 1981 avec le rassemblement des forces de gauche. Jean Pierre Chevènement qui avait été chargé de l’élaboration du projet socialiste, devient Ministre d’Etat(industrie et recherche). Il mène une action vigoureuse pour la recherche. 1983. Mitterrand hésite puis choisit d’ouvrir la parenthèse libérale avec l’arrimage du franc au SME et la politique de l’offre. Démission de Jean Pierre Chevènement qui mène la bataille au congrès de Bourg en Bresse. Ce diable de CERES est toujours bien vivant. En toute responsabilité, il choisit la synthèse. 1984 ; rappel de Jean Pierre Chevènement après l’échec du GSPULEN (A Savary échoue dans sa tentative d’unifier le service public de l’éducation nationale). Chevènement relève le défi de l’intelligence : « lire, écrire et compter » ; « quatre vingt pour cent d’une classe d’âge au niveau du baccalauréat ». Une impulsion forte qui remet les vrais enjeux au centre du débat. Jean Pierre Chevènement et ses amis changent le CERES en Socialisme et République, revenant aux sources de la pensée socialiste ; celle de Jaurès. Après la reconquête du pouvoir ( je devrais dire l’exercice) en 1988, Jean Pierre Chevènement est tout naturellement investi d’un grand portefeuille ; la Défense ( depuis très longtemps il oeuvre avec Charles Hernu pour une politique de dissuasion et a su faire adopter ce principe avant l’arrivée de la Gauche au pouvoir).La première guerre du Golf se dessine. Jean Pierre Chevènement se désolidarise et refuse l’alignement de la France sur les Etats Unis. Ce n’est pas la guerre du droit mais celle du pétrole qui annonce la seconde guerre impérialiste de GW Bush (et entre temps le blocus et ses milliers de morts). Jean Pierre Chevènement prend le risque de s’isoler. Sa démission est finalement acceptée par F Mitterrand. Avec le traité de Maastricht, il faut tout le tempérament de Jean Pierre pour s’opposer à F Mitterrand et au parti socialiste. L’Europe libérale est devenue l’horizon des socialistes ! Le mouvement des citoyens rassemble des militants qui refusent cette allégéance au libéralisme et veulent relever la France, la Gauche et la République. Avec la Gauche plurielle Jean Pierre Chevènement reprend du service à l’Intérieur. Il agit avec équilibre sur les questions de sécurité (cf les récents compliments de Ségolène Royal), promeut l’inter-communalité et règle la question des sans papiers. Advint alors la question Corse. Dans son dos, Jospin et son directeur de cabinet préparent la partition de la République (l’histoire leur donnera tort avec le référendum en Corse). Jean Pierre Chevènement démisionne. Emile Zucarelli est d’accord avec lui. Nous voici dans la campagne des présidentielles en 2002. Au dessus de la Gauche et de la Droite il y a la République ! C’est toujours vrai ! Sauf pour Monsieur Sarkozy, peut être avec ses penchants communautaristes et sa fascination pour l’Amérique. A l’extrême gauche, sous réserve d’inventaire, les approches évoluent dans le bon sens (C Piquet de la LCR publie« La République dans la tourmente » et Monsieur Mélenchon-qui ne sait pas toujours où il habite- reconnaît des vertus à la République). En 2002, disais-je Jean Pierre Chevènement entend relever la France « en faisant en tous points retour à la République ». Quelle ringardise pour tous nos pourfendeurs de cet ordre juste cher à Ségolène Royal. Traversée du désert face aux conservatismes des bien-pensants. Jean Pierre Chevènement et ses amis tiennent bon. Un aveu : ils font bien de se délester des soi disants souverainistes qui ont su brouiller les cartes à la différence des éléments sincères possédant cette sensibilité forte sur la souveraineté populaire. Et nous voici dans le temps présent de cette nouvelle campagne. Dans le droit fil de sa pensée exprimée dans son dernier et riche ouvrage « La faute de Monsieur Monnet » et en phase avec la ligne du Mouvement Républicain et Citoyen, Jean Pierre Chevènement repart à l’assaut du libéralisme dans une élection majeure pour la France. Il ouvre sa campagne avec brio dans un grand meeting à la salle Japy. Ruse de l’Histoire ; les socialites un peu déboussolés par la liberté de ton de leur candidate se résignent à négocier avec le MRC. On connaît le résultat et il faut s’en réjouir car Jean Pierre Chevènement qui veut être « l’instituteur républicain » dans cette campagne(discours de Japy) est aujourd’hui encore mieux entendu. Quelle constance ! quelle détermination ! Quelle abnégation ! Avec une intelligence et une cohérence reconnue de tous Jean Pierre Chevènement est à mes yeux l’honneur de la Gauche. Il se situe « du point de vue le moins encombré, c’est à dire le plus élevé ». Il y a du jaurès et du Mendes dans cet Homme. Avec lui, il reste un avenir.


Ajouter une réaction

Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe