Bonjour Ariane
Borg, Mac Enroe, Navratilova ...
Le sport « professionnel » est pour moi l’exacte antithèse du jeu (jouer), et de la vie peut-être ? ... il me semble que lorsque l’on parle dans ce que l’on nomme communément « sport », il y a deux mondes qui ne se côtoient pas plus que les favelas ne s’installent dans les quartiers résidentiels. Le Sport avec un grand S coupe le monde en deux. Jeune j’étais très naturellement doué en sport, sans mérite aucun, sans efforts,, et je n’ai jamais pris autrement ces activités sportives que comme du jeu, autant dire que l’esprit de compétition, de « se battre », de « gagner », de « foutre une pâtée à l’adversaire », m’était complétement étranger, et qu’il m’aurait été impossible de les prendre au sérieux. C’était juste l’occasion de se défouler, de rigoler. Aujourd’hui encore, je suis très désinvolte par rapport à tous ces gens qui prennent ces grands sportifs au sérieux, les vénérent presque comme des dieux. S’il m’arrive de regarder un match de foot par exemple, je m’en fous que ce soit une équipe ou l’autre qui gagne, c’est juste la qualité du jeu qui m’importe. Je vendrais mon âme française aux brésiliens, aux argentins, aux slovaques, aux belges ... pour moins qu’une bouchée de pain, juste pour un peu de qualité de « jeu », de « fair-play ». Les arbitres sont même trop gentils avec leurs cartons jaunes et rouges, c’en est comique ! les butors devraient être virés illico des stades !
Je suis loin de partager les idées de Robert Redecker sur de nombreux sujets (sulfureux sur l’islam par ex.), mais lorsqu’il écrit « Le Sport contre les peuples » *, je suis assez d’accord sur son analyse, plus sociologique que philosophique, de ce « phénomène nouveau » du XX°siècle.
Interview de Robert Redeker
“Le sport est contre les peuples !”
par Joanna Vanay
La revue suisse d’éducation physique et de sport. Mai 2003.
M : Pourquoi affirmez-vous que le sport est contre les peuples ?
RR : Le sport colonise l’existence de manière planétaire.
Il quadrille, aussi bien comme spectacle que comme activité,
l’emploi du temps quotidien de milliards d’hommes et
impose un imaginaire couplant culte de la performance et publicité.
D’une part, le sport persuade intimement les individus que
l’opérationnalité, c’est-à-dire
calculer et réussir dans un cadre routinier, est le fonctionnement
normal de l’intelligence. D’autre part, il concourt
à substituer le mimétisme – imiter Zidane, Virenque
ou Beckham – à l’adaptation. Herbert Marcuse,
dans “L’Homme unidimensionnel”, a été
le premier à nettement différencier mimétisme,
comme type d’identification des individus à un modèle
dans une société malade, et adaptation, en tant que
processus d’intériorisation des normes morales et sociales
dans les sociétés équilibrées. Et le
sport favorise le mimétisme, c’est à dire l’intériorisation
de figures usinées par le complexe médiatico-publicitaire
auxquelles on s’identifie. Les individus sont ainsi enfermés
dans une structure qui paralyse aussi bien leur imagination que
leur intelligence. De ce processus sort une forme nouvelle d’humanité,
planétairement homogène. Partout dans le monde, sportifs
et supporteurs semblent polyclonés les uns sur les autres.
En résumé, le sport est contre les peuples en ce qu’il
reprend le projet de fabrication d’un homme nouveau.
lire l’article : http://1libertaire.free.fr/CritikSport32.html
* Editeur : Berg International (28 janvier 2002)
Collection : Pensee politique et sciences
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