Jean (---.---.99.74) 8 janvier 2007 17:13

On peut lire aussi, dans un article paru ce matin à 8hH56 sur le blog de De ço qui calt ? :

Campagne présidentielle, élites mal-aimées et chanson de la balance

Après les voeux du Nouvel An de Jacques Chirac, les spéculations sur son éventuelle candidature aux présidentielles de 2007 interfèrent avec la candidature de Nicolas Sarkozy, réputée majoritaire au sein de l’UMP, pendant que Ségolène Royal promet un référendum institutionnel et Francois Bayrou réclame à nouveau un changement de Constitution. Mais les citoyens sont-ils vraiment intéressés par ce débat ? Malgré le forcing médiatique des derniers mois, ce n’est pas sûr que la popularité des principaux candidats soit très grande. Les Français ont voté contre le Traité Constitutionnel Européen, qui était soutenu par une large majorité du monde politique. Et quelle est la valeur réelle de l’être humain dans la société que ce même monde politique a façonnée ? Lorsque, au début du XXI siècle, le droit au logement n’est pas garanti et des SDF meurent de froid, on peut se demander si nous sommes mieux prisés que des marchandises que l’on vend au poids.

(..)

Et la manière dont politiques, décideurs et gestionnaires traitent les Français s’est-elle améliorée ces derniers temps ? En rapport avec le fiasco des projets de réforme de la Justice après Outreau, ont peut relever cette phrase de Pascal Clément lors du débat parlementaire du 19 décembre : « En 2005, sur plus de 30 000 informations ouvertes à l’instruction, presque 10 000 faisaient suite à une plainte avec constitution de partie civile, dont plus de 9 000 se sont terminées par un non-lieu, une irrecevabilité ou un refus d’informer ! Des non-lieux terminent, même si l’on ne dispose pas de pourcentages précis, l’écrasante majorité des plaintes avec constitution de partie civile - sans doute 80 % en 2004 à Paris, en matière économique et financière ! On voit bien les abus qui ont cours. » Pascal Clément prend pour base de son intervention, destinée à justifier de nouvelles limitations des possibilités de plainte avec constitution de partie civile, des données émanant de la magistrature et qui reflètent le fonctionnement actuel d’une justice qu’il s’agissait précisément de réformer. La véritable raison invoquée pour ces nouvelles dispositions étant « l’encombrement des cabinets d’instruction ». A aucun moment l’avis des citoyens n’a été demandé, alors que leurs actions en justice sont d’émblée déclarées abusives dans un débat sur des propositions introduites avec très peu de publicité et adoptées sans aucune voix contre.

Quant aux prisons, la situation a-t-elle vraiment évolué après le rapport très critique du Commissaire européen Alvaro Gil-Robles ? D’après le Nouvel Observateur, l’avocat du détenu qui revendique un acte de cannibalisme présumé commis le 3 janvier à la prison de Rouen a mis en cause l’administration pénitentiaire, reprochant à la maison d’arrêt d’avoir refusé le placement en isolement de son client qui purgeait une peine de cinq ans pour viol avec violence, souffrait de « schizophrénie » et était « potentiellement dangereux ».

Et les délocalisations, la prolétarisation de la grande majorité de la population, la misère croissante, la situation des SDF... Que penser d’un projet de loi qui, juste avant les présidentielles, instituerait un « droit au logement opposable » mais qui suscite déjà le scepticisme ? Et pourquoi y a-t-il des SDF dans la France de 2007 ? Sans doute, les Français reprochent aux « élites » une réelle perte d’importance de l’être humain au cours des deux dernières décennies.

On trouve sur la Toile une chanson catalane des années 1960, la Cançó de les Balances (Chanson de la Balance), composée par Josep-Maria Carandell et chantée par Ovidi Montllor. Elle raconte l’histoire d’un royaume de jadis où :

Doncs era un rei que tenia

el castell a la muntanya,

tot el que es veia era seu :

Terres, pous, arbres i cases,

i al matí des de la torre

cada dia els comptava.

La gent no estimava el rei,

i ell tampoc no els estimava,

perquè de comptar en sabia,

però amor, no li’n quedava,

cada cosa tenia un preu,

la terra, els homes, les cases.

Un dia un noi del seu regne

vora el castell va posar-se.

I va dir aquesta cançó

amb veu trista però clara :

" Quan vindrà el dia que l’home

valgui més que pous i cases,

més que les terres més bones,

més que les plantes i els arbres ?

Quan vindrà el dia que l’home

no se’l pese amb les balances ? "

(...)

(Il était un roi dont le château se trouvait sur une montagne. Tout ce qu’on voyait du château lui appartenait : terres, puits, arbres et maisons, et tous les matins il les comptait du haut de la tour. Les gens n’aimaient pas le roi. Lui, non plus, il ne les aimait pas. Car il savait bien compter, mais il ne lui restait plus d’amour. Tout avait un prix : la terre, les hommes, les maisons. Un jour, un jeune du royaume s’approcha du château et entonna le chanson qui suit avec voix triste, mais claire : « Quand viendra le jour où l’homme vaudra plus que puits et maisons, plus que les meilleures terres, plus que les plantes et les arbres ? Quand viendra le jour où l’homme ne sera pas pesé avec une balance ? » )

Une chanson dont des enseignants ont fait un conte pour enfants.


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