Agafia Agafia 28 juillet 2016 15:20

Bonjour ! smiley


La plus belle histoire d’ordalie (jugement de Dieu) que je connaisse est celle que représentait la statue qu’on pouvait voir jadis dans la grande salle du château de Montargis. Légende médiévale ou réalité historique ? Nul ne sait vraiment mais l’histoire est belle que je tenterai de vous résumer au mieux, d’après le récit de l’historien de Pierre Miquel.

Par une froide nuit d’Octobre, un cavalier s’aventure dans la forêt de Bondy, réputée pour être infestée de brigands. L’homme est assassiné et son corps enterré au pied d’un chêne. 
Mais le cavalier n’était pas seul. Son chien et fidèle compagnon l’accompagnait. Durant plusieurs jours, le chien hurle à la mort et gratte au pied de l’arbre. Son manège demeure vain et personne ne prête attention à l’animal.

Par son instinct et son intelligence, le chien prend la route de Paris et se rend chez un ami de son maître, duquel il gratte la lourde porte. L’ami le reconnait et s’attend à voir son ami mais ne le voyant pas, il referme sa porte. Le chien hurle, jappe, tourne comme un fauve, aboie et saisit les basques de l’homme pour le tirer vers la porte. Alors l’homme comprend que le chien tente de lui faire comprendre quelque chose et sautant à cheval, il le suit... Jusqu’au chêne... Où il découvre le corps du chevalier Aubry de Montidier, son meilleur ami à qui il fait donner des funérailles solennelles et dont il recueille le fidèle animal.

Durant la sépulture, le chien d’Aubry saute à la gorge ’d’un homme, noble et proche de l’entourage de la Cour de France, nommé Macaire et rival connu du chevalier de Montidier. On fait lâcher prise à l’animal qui tentera encore plusieurs fois d’agresser l’homme, à chacune de leur rencontre. 
Le Roi lui-même s’inquiète de ce comportement, d’autant qu’on ne retrouve pas l’assassin du chevalier de Montidier. Il fait amener le chien au pied du trône, puis ordonne qu’on fasse entrer les courtisans. Au milieu des barons en costume de Cour ; le chien reconnait Macaire et à nouveau lui saute dessus, les crocs à découvert. On stoppe l’animal sous le regard impressionné du Roi pour qui la scène apparait tel un signe du Destin. Ayant recours à un vieil usage de la chevalerie, il ordonne un « Jugement de Dieu » : Le duel à mort entre le chien et Macaire. Selon la croyance du temps, il est impossible que Dieu laisse triompher un coupable. Si Macaire est coupable ; il mourra sous les crocs du chien.

Un pré clos de l’Ile Notre-Dame (l’actuelle île Saint-Louis) sera le lieu du duel.
A Macaire, on donne pour arme un gros gourdin noueux. Au chien, on accorde un tonneau ouvert dans lequel il pourra trouver refuge et se tenir hors de portée des coups si besoin. 
Le Roi lui-même donne le signal du combat. On fait sonner les trompettes devant toute la Cour présente et le peuple de Paris venu assister au spectacle de cette Ordalie.
Le combat est terrible. Macaire tente d’assommer le chien qui esquive adroitement les coups, il frappe sans relâche tandis que l’animal charge et ne recule jamais. Intelligent, le chien attaque de biais, mord d’un côté, mord de l’autre. Il fatigue son adversaire dont les signes d’épuisement deviennent visibles. Ivre de rage mais à bout de souffle, Macaire frappe encore à coups redoublés mais sa vigilance baisse et le chien lui plante ses crocs dans le mollet. Il se dégage pourtant et c’est au tour de l’animal de geindre en recevant un méchant coup sur l’épine dorsale. Le coup mal ajusté glisse sur le pelage et le chien peut aller se réfugier dans son tonneau. Macaire se précipite en boitillant et avec des coups de gourdin terribles, il explose le tonneau. Le chien ne fuit pas, il guette et dans un dernier effort, il bondit sur son adversaire qui lève les bras pour lui fendre le crâne mais le chien plus vif lui a sauté à la gorge. L’homme roule par terre, lâche son gourdin pour tenter de s’arracher à l’emprise des machoires. En vain. Le chien ne lâchera prise qu’au dernier hoquet de sang de Macaire.

Dieu a rendu Jugement.

Voilà... Une belle Ordalie que je voulais partager... 

Ajouter une réaction

Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe