@doctorix

Ce que vous m’expliquez me rappelle les fables que s’inventaient les plus crédules des Européens à l’époque de Münich : comment imaginer, ai-je lu dans un article de l’époque, que, M. Chamberlain, M. Daladier, qui sont des humanistes et des hommes politiques responsables, et M. Hitler qui est un artiste et a longuement cultivé la peinture, puissent vouloir jamais la ruine de l’Europe ! Au début de l’occupation, les mêmes encore pensaient que le Maréchal avait plus d’un tour dans son sac et que la politique de collaboration était un subterfuge pour rouler Hitler dans la farine. A l’époque des purges staliniennes, on avait refusé d’y croire. Au reste, les condamnés avaient eux-mêmes avoué leurs crimes. Aux funérailles de Staline, en 53, toute l’Europe communiste pleurait à chaudes larmes. En 1975, des journalistes du Monde expliquaient qu’on serait effectivement choqué si on envoyait tous les Parisiens arracher les betteraves picardes ou labourer la Beauce, mais le Kampuchea démocratique n’était pas la France, et là-bas, tout cela se justifiait aisément. Les Français, actuellement, se font croire que Juppé, parce qu’il a adopté l’allure compassée d’un président inaugurant les chrysanthèmes de la IIIe République, pourra ramener le bon vieux temps. Bref, quand on veut croire, on peut à plaisir inventer tout ce qu’on voudra et prêter à celui qu’’on prend pour le Messie toutes les intentions qu’on fantasme.

Trump n’est pas le Messie. Je serais bien incapable d’avoir une opinion sur son programme économique (ma nullité dans ce domaine est abyssale). En revanche, je vois très clairement se dessiner les lignes d’une politique internationale rationnelle et d’une extrême cohérence, fondée sur un triangle d’alliances dont Jérusalem et Moscou sont les deux autres sommets. Pour l’instant, elle me satisfait très bien, mais je ne comprends guère, vous ayant lu, que vous n’en soyez pas horrifié.