xana 5 février 2017 17:55

Merci Gérard Luçon pour cet article et en particulier pour l’apercu historique sur la Roumanie, trop mal connue des Français.

Comme résident français en Roumanie je me fais un plaisir de confirmer (si c’était nécessaire) la teneur générale de l’article, bien que sur certains points mon analyse personnelle ne concorde pas forcément avec la sienne.

Par exemple en ce qui concerne la révolution de 1989, s’il est clair que les Soros et Cie ont tiré certains fils en coulisse, je ne crois pas - je ne crois plus - que les services russes aient été dans le coup. Des Russes en voiture ont été signalés un peu partout, mais les Roumains sont prompts à confondre Russes, Ukrainiens et Moldaves, et dans le climat de panique (bordel serait plus juste) il semble qu’il ne s’agissait en fait que de visiteurs moldaves en séjour « bizness », petits trafics etc. Les Spetsnaz savent se montrer discrets, eux.

Je partage tout à fait l’opinion que la révolution a été confisquée par une partie des sous-fifres de Ceaucescu, et j’apprécie la façon dont Gérard Luçon décrit comment ces communistes athées se sont transformés en 24 heures en orthodoxes anticommunistes. Mais il faudrait ajouter que la quasi-totalité de la population a effectué le même tour de force. Le ciel roumain a été obscurci par la fumée des carnets du Parti qui ont brûlé ces jours-là.

En ce qui concerne les évènements actuels, il y a effectivement deux clans en présence, plus le peuple roumain qui se fait blouser par les uns et par les autres.

D’un côté la clique des ex-communistes, aujourd’hui PSD, mais toujours corrompus jusqu’à la moelle. Il est vrai que les autres partis politiques ici ne valent pas mieux, mais le PSD est le plus gros, et installé depuis longtemps en Roumanie comme des rats dans un gros fromage.
Ils sont en ce moment serrés de près par le DNA, l’organisme anti-corruption. Pas trop finauds ils ont cru y échapper en votant une loi qui amnistie les corrompus au-dessous d’un certain montant. Cette loi est votée (comme en France, séance de nuit pendant les vacances). Circulez, rien à voir.
Mais certains ont vu, et ont commençé à faire du scandale. Pas forcément dans un but désintéressé, mais vous savez comment ça se passe. On a les mêmes chez nous.

En face, il y a les Atlantistes. Bon, ils ne s’appellent pas comme ça officiellement, mais ce sont les béni-oui-oui de l’UE et des USA. Le premier est le président, Klaus Iohannis. A Timisoara, un journaliste l’a agressé il y a quelques mois : « Monsieur le président, vous êtes un valet des Américains » ; Réponse de Iohannis : « Et alors ? Ca vaut mieux que d’être celui des Russes ! ».
Il y en a d’autres. A ma grande surprise Monica Macovei aussi est une des jeunes plantes semées dans les serres Soros and Cie. Moi qui lui faisais confiance...

On a donc la mafia Soros contre la mafia locale des ex-communistes. Ah oui, pour les Français, il faut préciser qu’un communiste en France est probablement un type de gauche dévoué au Parti et à la cause du peuple ouvrier. Mais en Roumanie un communiste est surtout un type qui a profité de sa carte du parti pour exploiter les autres.

Et puis il y a les gens de la rue. Ceux qui manifestent en ce moment chaque soir dans les villes roumaines ne sont pas des pourris. Sans doute ils font le jeu du gang Soros. Mais ça ne les intéresse pas. Ils manifestent pour que les mafieux du PSD n’échappent pas à la prison. A moi ça me plaît, et pour une fois je suis fier d’eux.

Amis français qui me lisez, comprenez-moi : Le « tous pourris » n’est pas spécifique à la France. Dans tous les pays la mafia est au pouvoir. Je suis agréablement surpris de voir qu’en Roumanie au moins il y a des gens qui ne sont pas d’accord et qui manifestent. En France la dernière fois que vous avez manifesté c’était pour affirmer « Je Suis Charlie ». Je crois que je devrais demander la nationalité roumaine.


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