Christian Labrune Christian Labrune 1er mars 2017 10:16

Gruni,
Votre article m’embarrasse un peu. C’est comme si vous disiez : je fais confiance à la justice de mon pays et je lis la presse tous les jours pour m’informer. Cela me ferait vraiment rigoler. Je n’oublie pas que la justice, même si elle peut être capable de faire preuve d’indépendance par rapport à l’exécutif (ce qui n’est même pas évident), est quand même assez largement pourrie de l’intérieur par le fanatisme ou la simple bêtise d’un grand nombre de ses agents : on n’est pas près d’oublier le « mur des cons » du Syndicat de la magistrature !
Quant à la presse, qu’il s’agisse du « Canard enchaîné » que je n’ai jamais pu lire (deux ou trois fois) sans dégoût parce qu’il paraît réservé à des cervelles de concierges, et plus encore de Mediapart, qui est une horreur absolue, ce sont des journaux aussi méprisables que Le Monde et tout le reste de la presse bobo. L’une des grandes faiblesses de la démocratie athénienne, c’était le rôle que pouvaient y jouer les délateurs, et si on ne voit pas que l’homme à la moustache stalinienne, copain des pires islamistes, et qui dirige Mediapart, est devenu le sycophante de la République, c’est qu’on n’a pas compris grand chose à la manière dont fonctionne le système.
L’affaire Fillon, comme dit Finkielkraut, « n’est pas très reluisante », et c’est le moins qu’on puisse dire. J’avais voté aux primaires pour ce candidat, considérant que c’était probablement le meilleur moyen de réconcilier avec la République un grand nombre de Français peu clairvoyants ou incultes qui, sans être vraiment des fascistes, s’étaient laissé attirer ces dernières années par les sirènes du FN. Je suis tombé de haut en découvrant la très grande élasticité des conceptions morales de ce moraliste catholique se réclamant d’un De Gaulle qui, selon une légende jamais démentie, n’eût pour rien au monde timbré une lettre privée avec les timbres du bureau présidentiel.
Le pire, c’est l’effarement du bonhomme face à l’accusation. Il est bien probable qu’il ne se soit jamais senti coupable de mettre un peu de beurre dans les épinards de sa famille. Il aura dû dire, comme Léon entraînant Emma Bovary dans un fiacre pour la niquer : « cela se fait à Paris ». Si cela se fait partout, au Sénat comme à l’Assemblée, c’est que cela ne heurte pas trop des convenances qui peuvent tenir lieu d’éthique à qui n’est pas très philosophe. Et de fait, il ne doit pas être le seul dans cette situation.

En désordre, deux ou trois faits significatifs qui me reviennent à l’esprit :
Un membre du PS, qui a pour fonction d’organiser les questions au gouvernement lors des séances parlementaires, propose ses bons offices à l’ambassadeur du Qatar : il peut faire en sorte que les questions embarrassantes ne soient jamais posées. Mais « il n’a pas à le faire gratuitement » et il demande une petite rétribution qui ravirait bien des chômeurs. C’est dans le bouquin « Nos très chers émirs ». La justice s’est-elle saisie de l’affaire ? Il ne semble pas.
L’historien Bensoussan, en revanche, qui fait apparaître dès « Les terrotoires perdus... » que l’antisémitisme est en train de pourrir les banlieues est traîné en justice, accusé d’islamophobie (ce qui est idiot) et le magistrat qui reçoit la plainte, au lieu de la classer sans suite pour éviter un procès qui ne peut aboutir qu’à un non-lieu, accepte d’ouvrir une instruction. L’affaire n’est pas encore totalement jugée. Dans le même temps, un certain Meklat avec ses tweets crapuleux, prouve et illustre très bien ce que dénonçait Bensoussan. Il y aura probablement une ou plusieurs plaintes, mais je n’ai pas vraiment l’impression que la justice se soit emparée de l’affaire avec pertes et fracas.
Bref ; nous sommes dans un pays qui est bien malade, et faire un choix dans la brochette de crétins qui s’offre aux prochaines élections, pour moi, ce sera probablement impossible.


Ajouter une réaction

Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe