Bracam Bracam 27 août 2017 01:51

@Sozenz

Il me semble que vous êtes juste en train de nous parler de vous, dans un débat qui concerne un système pervers. Vous pensez, en substance, qu’il est préférable de prendre un job à 1 euro plutôt que de mourir, et, me semble-t-il, que votre dignité n’en serait pas affectée. J’y vois une forme d’évidence problématique. Et vu la manière dont vous l’exprimez, je ne parierais pas sur l’idée que dans la réalité, cette situation vous semble acceptable en tant que condition de vie et ne vous dévalorise pas intimement. Parce que vous pouvez proclamer que [vous n’en avez] rien à battre de ce que pensent les autres, cela peut sembler remarquable, mais si négligeable pourtant dans le contexte de la misère qui gagne.


S’il faut espérer, voire se réjouir modestement de ce que vous ne souffriez pas trop de la sauvagerie du système d’exploitation qui broie tant d’individus dans la mesure où vous y feriez face, il n’en reste pas moins que vous participez possiblement et de manière attendue au dispositif d’individualisation et d’isolement des personnes, à la rupture des solidarités voulue par les gens disposant de nos existences, en affirmant que l’opinion des autres ne vous importe pas. Vous faites ressortir, par votre vision, l’une des manières dont tant d’entre nous sont amenés à ne plus penser qu’à soi, de sorte que cet immense démembrement social interdit la revendication collective dans l’intérêt général. 

Or cet intérêt général est nécessaire à la survie de toute société et supplante l’intérêt particulier (légitime à son échelle) à certains égards ; il devrait en principe bénéficier en retour à chacun. Voilà un vrai moyen d’espérer réduire les inégalités et instaurer un semblant de justice au bénéfice du peuple. Il fait l’objet de luttes sociales séculaires dont tout le bénéfice n’a pas été balayé encore. Mais cela passe par la conquête d’un vrai pouvoir du peuple, qui disposerait alors de l’autorité nécessaire pour établir un principe de répartition équitable des richesses produites et une répartition honnête des responsabilités de chacun...

Enfin, il vaudrait peut-être mieux esquisser un sourire lorsque vous imaginez que Monolecte n’est peut-être jamais passée par la misère, ou ne connaîtrait personne dans de telles situations, n’en aurait aidé aucune, n’aurait peut-être aucune compréhension du malheur humain et par conséquent devrait se taire sur ces questions dramatiques. Ce genre de mise en question ne mange pas de pain et contribue facilement à la division des pauvres voulue par les dominants. En acceptant que la misère entretenue soit moins pire que la mort (de faim), vous semblez exprimer une vérité première mais involontairement vous aidez à porter avec le puissant l’arme par laquelle il nous asservit.

Ajouter une réaction

Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe