Axel_Borg Axel_Borg 20 novembre 2018 08:55

L’épisode 4 final refusé, le voici en commentaire ...

Le verdict du miroir

Reste désormais pour chaque championnat à se regarder dans le miroir, quitte à se voir moins grand ou moins beau qu’il n’est réellement, miroir concave ou miroir de la reine de Blanche-Neige ... Cap sur l’Espagne, de l’autre côté des Pyrénées ... Une partie de poker aux dés pipés ... Tout le monde, sauf l’Atletico Madrid aux airs de phénix, se couche avec ses deux de pique, pendant que deux caïds s’affrontent perpétuellement avec des quintes flush et des jokers qui semblent sortir de dessous la table, puisque le mot « dette » semble être tabou pour le football au pays de Cervantes ... Pas de chance, il l’est de moins en moins pour Rajoy, dont le gouvernement aura d’autres chats à fouetter que de défendre les accusations de dopage portées sur les enfants du pays, Contador et autres Nadal.

En France, la Ligue 1, si l’on fait exception de la période lyonnaise (2002-2008) et à l’actuel règne parisien (2013-2019), fait tristement penser à la IVe République et à son instabilité politique légendaire, avec un roi en train d’abdiquer à peine monté sur le trône ... Et une fierté perdue, façon Dien Ben Phu (1954), comme quand l’Olympique Lyonnais sombre contre un iceberg chypriote, pour fêter dignement le centenaire du Titanic ... Reste à savoir quand les Qataris se seront lassés de leur jouet parisien, programmé pour aller loin en Ligue des Champions et venger l’honneur de clubs français qui ont servi au mieux, de sacs de sable, au pire, de punching-balls, à leurs voisins anglais, espagnols ou italiens depuis plus de dix ans ... Tremblez Barça, Bayern Munich et autres Real Madrid, si le PSG progresse aussi vite qu’espéré pour devenir le deuxième club après son rival phocéen de Marseille, un jour de mai 1993 en Bavière, à soulever la Coupe aux Grandes Oreilles ... Wembley 2013, Lisbonne 2014, Berlin 2015, San Siro 2016, Cardiff 2017 et Kiev 2018 étaient encore utopiques, pourquoi ne pas rêver de Madrid 2019 ou Istanbul 2020 ? Ce sera sans doute malheureusement encore bien trop haut pour Paris vu la gifle reçue un certain 8 mars 2017 au Camp Nou (1-6 après une victoire 4-0 au match aller au Parc des Princes) et le 5-2 cumulé concédé en 2018 face au Real Madrid. La meilleure nouvelle pour le PSG serait la progression des projets d’autres clubs français (et donc la qualité moyenne en Ligue 1), celle là même que recherchait Bernard Tapie pour son OM au début des années 90 : mais l’AS Monaco, du fait de sa cure de jouvence, est en pleine déconfiture, et Thierry Henry n’aura d’autre horizon que jouer le maintien d’ici le printemps 2019. L’Olympique Lyonnais de Jean-Michel Aulas bénéficie des retombées économiques de son Parc OL (alias Stade des Lumières) mais ne peut compter sur le seul talent de Nabil Fékir, le feu follet batave Memphis Depay étant bien trop irrégulier. L’Olympique de Marseille, l’OGC Nice, les Girondins de Bordeaux et le Lille OSC ont attiré de riches investisseurs mais partent tous de trop loin pour rattraper Paris.

Outre-Rhin, la Bundesliga et ses stades remplis à ras bord souffrent de l’effet « premier de la classe ». Du jeu, des buts, mais un manque criant de superstars étrangères hors Bayern, Marco Reus et Emil Forsberg sont un peu trop seuls, orphelins d’autres pépites ... Bref, ça sent trop le savon et pas assez ..., comme disait l’autre. Et le FC Hollywood, alias Bayern Munich pour les nostalgiques, siffle régulièrement la fin de la récréation quand quelqu’un ose contester son hégémonie. Pour la première fois depuis 1995 et 1996 (déjà le Borussia Dortmund), le Bayern a été privé du titre de champion d’Allemagne deux années consécutives, en 2011 et 2012. Mais la vengeance de Munich a été terrible : saison record en 2013 sous l’égide de Jupp Heynckes, nouveaux seuils limites avec Pep Guardiola en 2014 dans une Bundesliga où Schalke, Dortmund et Leverkusen se partagent les miettes du festin du Bayern, qui a ensuite enchaîné sur le triplé national en 2015 (comme en 1985-1986-1987 puis en 1999-2000-2001), avant un quadruplé, un quintuplé puis un sextuplé inédits en 2016, 2017 puis 2018 (exploit jamais vu en Bundesliga). Le Red Bull Leipzig sera-t-il le bourreau du géant de Bavière ? Il est plus probable que cela soit Dortmund ...

Outre-Manche, les Red Devils ont longtemps pérennisé l’exploit de faire sentir presque chaque année leurs fourches caudines à une concurrence laminée. Le Big Four a vécu, et les pétrodollars de Manchester City auront sûrement un jour le dernier mot. Pour Arsenal, Chelski et Liverpool, la retraite de Ferguson et la fin de l’âge d’or mancunien tombe à point nommé, même si City pourrait reprendre le rôle d’épouvantail de son prestigieux voisin. Et malgré sa colossale puissance financière, l’Angleterre n’a pas su régenter l’Europe comme au temps de son apogée, celle du grand Liverpool de Keegan, Dalglish et Rush (1977-1984). Le phénix anglais doit renaître de ses cendres, car MU fut trop longtemps l’arbre qui cacha la forêt ... Quatre Ligues des Champions en vingt ans pour les Anglais, dont deux au crédit de Ferguson ... Mais combien perdues dans le money time ? Dommage pour un championnat qui a su relever la tête avec un niveau incroyablement élevé, sortant d’un traumatisme nommé Heysel (1985), l’UEFA imposant un « embargo » de cinq ans aux clubs du Royaume ... Mais les échecs répétés de Manchester City sur le plan européen ne vont pas durer éternellement …

En Italie, le dernier fils de la Louve, le gladiateur Francesco Totti a raccroché ses crampons ... Le triumvirat d’Italie du Nord, AC Milan - Inter - Juventus, n’est pas prêt de se reconstituer dans une péninsule où les stades, comme les finances publiques, ont besoin d’un profond nettoyage. Qui sera le Mario Monti d’un Calcio, qui sans l’exceptionnel apport du Special One en 2010 avec le titre de l’Inter, a besoin de détruire le château de cartes pour reconstruire le rêve ? La Juventus a mise derrière elle le douloureux épisode du Calciopoli, avec sept Scudetti consécutifs de 2012 à 2018 (une première en Italie, même la grande Juve du quinquennat d’or du début des années 30 ou le Grande Torino de la fin des années 40 n’avaient accompli pareille prouesse) à elle de revenir sur le toit de l’Europe, la Vecchia Signora attendant un sacre depuis 1996 sous Marcello Lippi. Massimiliano Allegri et les Bianconeri ne doivent pas oublier que s’ils imposent leur férule à Naples et l’AS Rome en Italie, revenir au sommet de l’Europe n’est pas chose aisée, la défaite de Berlin en 2015 contre la Dream Team catalane et son trio MSN ainsi que celle de Cardiff en 2017 contre le Real Madrid (duel de BBC entre Bale Benzema Cristiano Ronaldo versus Barzagli Bonucci Chiellini) sonnant comme une piqûre de rappel pour la Juventus. Des clubs comme Liverpool et Marseille n’ont jamais complètement récupéré de traumatismes comme le Heysel (1985) ou l’affaire OM-VA (1993). Mais Rome après Néron, Pompéi après le Vésuve ne se sont pas reconstruites en un jour, au grand club turinois de se muer en phénix européen, lui qui possède désormais avec Cristiano Ronaldo le fuoriclasse qu’il cherchait pour succéder aux Sivori, Platini, Baggio, Zidane, Nedved, Buffon et autres Pirlo, précédents bâtisseurs de la légende bianconera ...

En conclusion, la Ligue des Champions XXL, qui a grossi trop vite sur le plan footballistique à l’image de l’Union Européenne sur les plans géopolitique et monétaire, a bel et bien tué les championnats nationaux deux fois :


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