@Fergus
Suite :
"La nuit fait de bien belles images. Il y a
dix-huit mois, un homme jeune et seul traversait la cour du Louvre pour
venir célébrer sa victoire, sous l’oeil des caméras
. Emmanuel Macron, qui venait d’être élu président de la République
française, regardait loin devant, plein ouest, du côté de la place de
l’Etoile. Mais il ne pouvait pas voir les incroyables scènes de guérilla
urbaine qui s’y dérouleraient dix-huit mois plus tard, avec des
dizaines de voitures incendiées, un Arc de triomphe tagué, une Marianne
énucléée.Les cavaliers de l’apocalypse, rue Roy, Paris, 1er décembre 2018 © Mathias Zwick https://t.co/UjD50FAmYM pic.twitter.com/uqunIsAEzr
Ces mouvements ont un point commun : ça va plus mal au moment où ça devrait aller mieux. Le politique part dans le rouge alors que l’économie est revenue dans le vert. En 1995, la France commençait à peine à se remettre de la récession de 1993. Un nouveau président, Jacques Chirac, avait promis de lutter contre la fracture sociale. C’est le moment que choisit son Premier ministre, Alain Juppé, pour s’attaquer aux régimes spéciaux. Même si son projet était parfaitement justifiable pour des raisons de justice sociale, il devra retirer piteusement son projet. Deux ans plus tôt, son prédécesseur, Edouard Balladur, avait pourtant fait passer comme une lettre à la poste le durcissement des retraites du privé. Mais le pays était en pleine récession.Moyen inacceptable.Même scénario en 2006. L’économie avait frôlé la récession en 2003, dans la foulée de l’explosion de la bulle Internet. L’emploi avait beaucoup tardé à redémarrer. Et au moment où le chômage baisse enfin, le Premier ministre Dominique de Villepin invente un système où les entreprises peuvent mettre un jeune à la porte sans raison. Le but était de faciliter l’embauche des jeunes. Mais le moyen était inacceptable pour les syndicats d’étudiants qui menèrent la lutte - et la gagnèrent.L’histoire est un peu différente cette fois-ci. L’économie française a encaissé deux chocs en 2008 puis en 2011, suivis de trois années de stagnation sans précédent. Elle a commencé à frémir en 2015 avant de dépasser enfin les 2 % en 2017. Et c’est le moment que choisit le gouvernement pour accélérer la hausse des taxes sur l’essence, là encore avec d’excellentes raisons. La flambée du pétrole a accentué la pente. Et les petits revenus qui n’ont d’autre choix que de prendre la voiture pour aller travailler à 20 ou 50 kilomètres de chez eux ont enfilé leurs « gilets jaunes ».Revendications salariales.Pour le gouvernement, la sortie de crise s’annonce très, très compliquée. Les entreprises sont elles aussi concernées, même si elles ont été pour l’instant épargnées. Si les casseurs sont des milliers et les « gilets jaunes » des dizaines ou des centaines de milliers, il y a ici des millions d’hommes et de femmes. La grogne monte pour les mêmes raisons, sur fond d’inflation requinquée et de profits élevés. Les revendications salariales ont déjà provoqué des grèves dans les raffineries de Total et à la banque BNP Paribas . La tension monte chez Peugeot Citroën. Les sorties de crise sont souvent difficiles. Surtout quand la crise suivante semble déjà s’esquisser." Jean-Marc Vittori
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