Tristan Valmour 22 mars 2007 12:58

A Jdh

Amusant votre article. J’aimerai y répondre car j’ai été un temps prof à l’Education Nationale et j’y conserve toujours de précieux amis. Je ne ferai aucune remarque sur le métier de prof de sport car je ne le connais pas, mais plutôt sur la situation des professeurs dans l’enseignement secondaire, et sans langue de bois.

1. La formation : elle est partiellement inadaptée. Le métier s’apprend principalement sur le terrain. Mais c’est la cas de tous les métiers. L’empirisme vient corriger la théorie. 2. Le temps de travail : j’ai écrit un article là-dessus. Ce temps de travail varie beaucoup d’un professeur à l’autre. C’est un métier que l’on ne peut pourtant confier aux experts-comptables. Les chiffres n’ont pas toujours raison. 3. Sur la mentalité des profs : il y a en effet beaucoup de caciques qui se cramponnent à leur statut et refusent d’évoluer. Ce sont les plus bruyants et les plus présents. A côté, il y a une majorité silencieuse qui souhaite le changement en dehors de toute idéologie. 4. Sur l’administration de l’Education Nationale : il y a beaucoup d’incompétents, mais c’est également vrai dans tous les métiers. De nombreux chefs d’établissement sont d’anciens mauvais profs qui ne connaissent rien aux techniques de management ou de gestion. Il y a d’ailleurs pénurie de recrutement car le métier n’attire pas. Les inspecteurs ne connaissent plus rien à la pédagogie, et les recteurs sont des politiciens. Et le personnel administratif compétent (car il y en a aussi) a du mérite à rester. 5. De très nombreux profs - et souvent de très bons - démissionnent de l’Education Nationale.

On veut de bons profs ?

1. On réforme l’administration, les programmes, la formation. On coupe l’Education Nationale de toute idéologie, c’est-à-dire qu’il faut la rendre autonome. 2. On revalorise considérablement le salaire des profs. Multiplier leur rémunération par 1.5 ne me choquerait pas. Ils sont payés une misère par rapport à l’importance de leur tâche et de leurs études. On revalorise aussi leur image auprès du public par de la communication institutionnelle. 3. on ne touche pas à leur temps de travail. Leur métier est suffisamment pénible et l’augmenter ne provoquerait que des dégâts considérables.

Sur la notion de performance

Quelle est la performance de nos profs, de notre système éducatif, de nos élèves ? Par rapport au budget alloué, par rapport à la concurrence ? Pour quelle utilité ? Ce sont-là les questions que l’on pose en filigrane, n’est-ce pas ?

Là encore, un expert-comptable ne saurait être compétent. Les 3 missions principales de l’enseignement secondaire général sont : former des citoyens, sociabiliser les élèves, leur transmettre un savoir qui les rendra autonomes le plus possible. La mission de l’enseignement secondaire général n’est pas de rendre des élèves immédiatement exploitables par le secteur privé.

La pédagogie et la didactique sont deux disciplines extrêmement complexes puisqu’elles sont liées au fonctionnement du cerveau. D’ailleurs les neurosciences vont profondément et durablement modifier lesdites disciplines. Alors on pourra commencer à parler de performance. Observons ce qui se passe au Québec et en Belgique, par exemple. Cela fait longtemps que parallèlement aux techniques cognitivistes j’emploie des techniques connexionistes, avec les meilleurs résultats possibles en matière de formation.

Mais même en l’état, si on compare la performance de l’Education Nationale par rapport à la performance d’autres organisations, la première n’a pas à rougir. En effet, quel est le temps de travail effectif et productif des commerciaux, ingénieurs, commerçants et vendeurs, etc. Et l’on peut pousser le raisonnement plus loin en question d’utilité : quelle est l’utilité d’avoir une industrie de l’alcool et du tabac ? Etc.

Bref, l’état de l’Education Nationale n’est pas pire que celui des autres secteurs. En tout cas, les profs y sont pour peu.


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