Christian Labrune Christian Labrune 22 mai 2019 22:02

@Taverne

Vous raisonnez à peu près comme si le Droit était tombé un jour du ciel des vérités éternelles. Comme si vous ne saviez pas que le droit est une construction contingente, et qu’il ne saurait l’emporter sur les exigences de la pensée philosophique lorsqu’elle tend à s’affranchir des contingences historiques.

A l’époque d’Aristote, le fait de posséder des esclaves ou de les vendre n’était en rien contraire au droit. Le pater familias romain jouissait quasiment d’un droit de vie et de mort sur tous ceux de sa maison. Quand, à la fin des années trente, on exterminait les infirmes ou les déficients mentaux dans les hôpitaux de l’Allemagne nazie, il n’y avait là rien qui fût contraire à un droit allemand qu’on venait de redéfinir.

Le droit européen actuel, touchant à ces questions de vie et de mort, est fortement influencé par des exigences de rentabilité économique : maintenir en vie les vieux, ça coûte cher, et les politiques, au lieu de réprimer les délires criminels de certaines associations, trouvent préférable de les laisser se développer dans une majorité de la population qui est encore à l’âge où l’on a la vie devant soi et où on n’a pas encore pris la mesure de sa brièveté.

Si on était dans l’Allemagne de la fin des années 30, vous trouveriez aisément des juristes à citer pour expliquer qu’il est tout à fait normal et même souhaitable d’éliminer physiquement beaucoup de monde.


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