Christian Labrune Christian Labrune 15 août 2019 13:38

@Robin Guilloux

Même si je n’apprécie pas trop les auteurs auxquels vous faites référence (un Ricoeur maréchaliste et un Lévinas qui n’aura jamais su en finir avec Heidegger) je suis d’accord avec vos observations : le vrai, et dans tous les domaines, particulièrement celui des sciences, est hors de portée, et l’expérience humaine est marquée du signe de l’inachèvement. C’est ce qui fait que l’arrivée du Messie, dans le judaïsme, a toutes les chances d’être prudemment différée jusqu’à une fin des temps inimaginable, alors que dans le christianisme, le Messie est déjà là. il est mort et ressuscité, il va donc nécessairement revenir ; pour les contemporains de Marcion, la parousie était pour demain. La révélation du Chamelier est encore plus naïvement terminatrice : elle est la dernière en date, la plus achevée ; il n’y en aura pas d’autre, et après cela, on peut donc tirer l’échelle. Dans la tradition chrétienne, de concile en concile, on avait bien un peu essayé de s’interroger sur les textes fondateurs et il avait fallu des siècles pour qu’à force de bricolages néo-platoniciens Jésus devînt enfin le fils de Dieu consubstantiel au Père du symbole de Nicée-Constantinople, mais le Coran est livré tout cuit : ne pas s’y soumettre, et sans discussion, c’est l’enfer assuré. On ne peut évidemment rien concevoir de plus naïvement stupide.
Il y a bien des courants piétistes du judaïsme orthodoxe qui tombent dans les mêmes superstitions que celles des religions dérivées parce qu’un certain simplisme peut séduire les plus ignorants, mais dans l’ensemble quand même, cette pathologie est moins grave et restera transitoire. L’espèce de gymnastique intellectuelle permanente que le judaïsme impose aux Juifs depuis des siècles face aux rouleaux de la Torah n’est probablement pas pour rien dans l’éclatante réussite actuelle de la pensée scientifique en Israël. 


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