Totory 1er décembre 2019 22:31

« Quand le sage montre la lune, le sot regarde de doigt... »

Qui n’a jamais vécu cette situation où l’on montre du doigt tel objet à un chien, mais celui-ci reste assis, gueule affable et langue pendante, à fixer les impérieux mouvements de notre index au lieu de concentrer son attention sur la direction pointée ?

L’univers intellectuel du chien, limité, ne lui permet pas d’appréhender la corrélation entre le doigt et l’objet désigné. L’animal reste focalisé sur une vision primaire du monde, en l’occurrence, ici, un doigt qui s’agite. C’est la même chose pour l’idiot, qui s’arrête à la surface des choses, l’idiot renvoie à un interlocuteur dont les barrières idéologiques lui empêchent d’appréhender la globalité d’une situation. Les limites de la ligne du parti qu’il défend seront les siennes propre, et, incapable de les outrepasser, on dira de l’individu qu’il est endoctriné. L’idiot, peut également être une victime, conditionné par le système et incapable de penser plus loin que ce dernier. Un zombie. Dans tous les cas, la pensée de l’idiot est enfermée, cloisonnée, elle ne peut plus évoluer car prisonnière d’un carcan dont elle peine à s’affranchir.

Parfois aussi, l’idiot est simplement de mauvaise foi. Il préfère garder ses œillères pour ne pas avoir à se confronter à la remise en question des ses idées...Quand tu montres la lune, l’idiot regarde ton doigt !

Mais l’habit du sage peut-il être endossé par une femme ou un homme politique ?

Le deuxième sens que l’on peut prêter à cette expression est moins évident. L’idiot, qui regarde le doigt du sage, est prêt à absorber n’importe quel message que le sage pourrait lui communiquer. Tout son intérêt est porté sur lui. Pour l’idiot, le doigt du sage est sa lune, il n’existe rien de plus élevé dans son univers. C’est, plus exactement, prendre le signe pour ce qu’il indique. Il serait ainsi aisé pour le sage de manipuler l’idiot à sa guise, puisque son doigt à valeur d’autorité divine. Son doigt représente la connaissance alors même que celui-ci ne fait qu’indiquer le chemin menant à l’humiliation.

Cette confusion profite aux usurpateurs qui utilisent leur fonction pour pointer leur doigt dans des directions qui ne profitent qu’à eux-mêmes : « On nous répète encore et toujours que l’important c’est la position des doigts, alors que l’important, c’est la Lune ! »

Les algeriens se sentent plus que jamais sous le joug des faux sages de la sphère militaropolitico-médiatique. Ils n’ont plus confiance en ceux qui sont censés montrer le chemin et le peuple ne veut plus suivre la direction imposée.

L’astre, qui représente la lumière céleste, l’état de connaissance supérieur, est également très lointain. Regarder dans sa direction est donc une invitation à dépasser ses propres barrières pour tendre à une vérité moins subjective et plus absolue. Tout en sachant qu’on ne l’atteindra sans doute jamais.

Mais n’est-ce pas justement tout ce qui fait l’intérêt du débat ?

Confucius a fondé sa pensée sur des vertus telles que la sincérité, la droiture et l’intégrité, et dont l’enseignement était principalement orienté vers la formation des futurs hommes de pouvoirs (ouvert à tous, pas seulement aux fils de princes), aurait sûrement beaucoup à apprendre aux soi disant élites.


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