Clark Kent Séraphin Lampion 27 avril 2020 18:17

@Baptiste B.

Les taux négatifs dont vous parlez concernent des titres de dette publique de pays jugés « sûrs », (comme l’Allemagne et la France), mais en fait, ils révèlent la grande incertitude quant à l’évolution future de l’économie et des marchés financiers : les investisseurs se disputent ces titres dits « sans risque », malgré des rémunérations parfois négatives en effet.

Mais en fait, les taux bas ont également un impact en matière d’inégalités sociales. « On ne prête qu’aux riches », même quand l’argent est bon marché. Dans le cas de l’immobilier, la situation actuelle offre aux investisseurs et aux particuliers les plus riches la possibilité de multiplier les placements dans la pierre. Résultat : les prix de l’immobilier ne cessent de croître au détriment des populations moins bien loties qui, elles, subissent l’envolée des prix et loyers. A Paris, cette hausse s’apparente à une bulle spéculative avec tous les dangers que cela comporte. Cela amène également certaines grandes entreprises à s’engager dans des opérations de « buy-back » : elles s’endettent non pour investir, mais pour racheter leurs actions, afin d’en gonfler artificiellement le cours…

En plus, les taux négatifs affectent les monnaies et encouragent les capitaux flottants à se déplacer pour trouver de meilleurs rendements vers des pays comme la Chine et le Brésil, dont les taux d’intérêt sont plus élevés, ce qui pousse à la hausse le cours de leurs monnaies et dégrade la compétitivité de leurs exportations. Pour tenter d’enrayer le phénomène, les banques centrales de ces pays ont puisé dans leurs réserves de change de façon à contenir la hausse et la volatilité de leurs taux de change.

Il est donc devenu difficile pour les banques centrales d’envisager un changement de politique monétaire, parce qu’une remontée des taux d’intérêt pourrait provoquer une vague d’insolvabilité parmi les entreprises les plus fragiles, qui subsistent grâce à des conditions de crédit particulièrement favorables et parce qu’elle pourrait provoquer un krach sur le marché des obligations.

Ce fragile équilibre est en train de vaciller.


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