velosolex velosolex 18 avril 2021 19:54

@pipiou2
C’est un livre intéressant , un immersion dans le passé, avec néanmoins le défaut de ne pas être un journal, qui est bien plus réaliste, le récit de jours qui viennent, sans le confort de savoir comment l’histoire va arriver. Ce qui permet de corriger ce qui fâche, et d’oublier certaines choses, dans un livre qui se veut le bilan....
Zweig dans un premier temps a vu l’avènement d’Hitler comme positif. Il s’est ravisé par la suite aussi....Tout le monde peut se tromper. Mais de cela il n’en parlera pas dans « le monde d’hier »
Ecrit juste avant de se suicider. 
Il porte en lui un regard extatique sur une enfance préservée, avec ce décalage dans le temps, et un vécu très pessimiste sur son avenir...S’il croyait jeune au progrès dans une dimension extatique, et à la paix des peuples, il ne croit plus maintenant qu’en la barbarie et à la victoire nazie.
Cette absence de nuances me semble intéressante sur la façon parfois de Zweig d’être au monde dans le vécu, et propice à un étourdissement et à la névrose. Voir au raptus,. Comme dans son roman « amok »
. Il y a des éléments sociologiques très pertinents, lié à son expérience intime, quand il parle du dix neuvième compassé dans lequel il vient, et du monde du début du vingtième. On passe alors d’une culture patriarcale où il parle ainsi de son père se vieillissant délibérément pour affecter dans les manières les allures de la bourgeoisie ( pondérance, barbe, retenue, et se freinant délibérément dans son allure bien qu’il soit jeune) à l’affirmation progressive de la liberté des individus et du mythe du sport et de la jeunesse. 
On remarque que c’est au tournant du siècle que toutes les révolutions se passent, et que dans la littérature apparaissent les plus grands écrivains (Joyce, Proust, Thomas Mann) qui traitent tous de la signification du temps, et des notions relatives de la représentation. Est il vraiment étonnant finalement que ce grand bouillonnement, ces révolutions à tous niveaux, débouchent sur la guerre, en volonté d’affirmation, baignée de testostérone ?...
Les industriels étaient bien tous d’accord pour penser que la guerre allait leur profiter et chez nombre d’intellectuels, c’était une promesse d’un renouvellement. Je pense à Apollinaire et à Fernand Léger qui ont célébré la guerre avant de se raviser quand ils étaient sur le front. 
Rien de nouveau en fait. Notre monde est bercé de crises, de guerres,, et de moments de progrès et de vie paisible. Les quatre saisons..... Zweig a eu la faiblesse de croire que le printemps serait éternel, avant 14, et puis plus tard quand les nazis sont arrivés, que l’hiver le serait aussi.
J’ai à le lire une difficulté. Bien que je l’apprécie dans beaucoup de récits, il me parait trop amoureux de lui même, de sa culture, de son origine. (24 heures de la vie d’une femme : Où il est difficile de ne pas voir une complaisance amoureuse envers un double de lui même, comme d’autres nouvelles) pour être totalement ouvert au monde tel qu’il est, et non tel qu’il devrait être. 


Ajouter une réaction

Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe