Dominique Larchey-Wendling 11 mai 2007 17:25

« C’est un discours assez démagogique et où l’on retrouve des accents de théorie du complot. »

Je n’aime pas ce genre d’arguments ... dès qu’on critique un système ou ses acteurs, qui bien sûr, agissent tous de concert pour le bien de l’humanité et absolument pas dans la recherche de leur intérêt individuel, on est accusé de mettre en avant telle ou telle théorie du complot. J’espère que vous n’allez pas insister dans cette direction.

Donc je voulais vous parlez d’un livre très intéressant sur le détournement qui a été fait par les Etats-Unis du fonctionnement d’institutions sensées promouvoir le développement des pays pauvres : le FMI et la banque mondiale. Le livre s’appelle « Confession of an Economic Hitman » de John Perkins. C’est une autobiographie.

JP était un « tueur à gage économique ». Je décris rapidement son rôle dans une machinerie visant à la l’exploitation économique, telle que je l’ai compris à la lecture de son livre.

JP est un économiste, un planificateur, un calculateur de taux de croissance à venir. Employé par une firme contrôlée par la CIA, son rôle consiste à rendre visite aux pays en voix de développement et calculer des prévisions de croissance et de développement pour ces pays. Mêmes si elles sont argumentées, ces prévisions sont intentionnellement exagérées. Par exemple plus de 15% par an de croissance. Bien-sûr, pour arriver à de telles performances, il est nécessaire de construire les infrastructures qui les autorisent : centrales électriques, routes, voies navigables etc ... Et pour construire ces infrastructures, il faut de l’argent qu’évidemment, le pays n’a pas.

Son rôle consiste alors à convaincre les dirigeants du pays de s’endetter auprès du FMI et de la BM. Si les dirigeants acceptent (un peu de corruption peut les aider à sauter le pas, et si ça ne fonctionne pas, on peut très bien lancer une campagne anti-communiste), le pays est pris au piège.

L’argent prêté à ces institutions américaines l’est en général à condition qu’il soit investi auprès de firmes américaines de construction, par exemple Bechtel. Ces firmes construisent les infrastructures avec de l’argent américain et c’est le pays en voix de développement qui doit payer les dettes, ou comment faire vivre des travailleurs américains avec l’argent des pays pauvres. Bien-sûr, la croissance économique n’est pas au rendez-vous des investissements et le pays est alors dans l’incapacité de rembourser jusqu’au intérêts des dettes qu’il a contracté.

C’est alors que notre économiste revient à la charge pour expliquer aux dirigeants du pays endetté que la seule solution à leurs problèmes de dettes est d’appliquer une doctrine de rigueur économique (destruction des infrastructures sociales qui « coutent » cher) et la libéralisation, comprendre ouvrir les marchés intérieurs aux prédateurs économiques souvent américains. Si les dirigeants acceptent, le pillage commence et ça va de plus en plus mal pour le pays.

S’ils refusent, toute une chaine de contraintes se met en place. D’abord on tente à nouveau de corrompre les dirigeants de diverses manières. Parfois, comme ils ont été élus démocratiquement, ils refusent quand même les doctrines du FMI et de la BM car leur électorat n’en veut pas et ils ont encore conscience de la notion de souveraineté. Alors on tente de les déstabiliser politiquement (coups d’états/chasse aux rouges/assassinats). C’est la mission de la CIA et de ses « jackals ». Si ça ne fonctionne toujours pas, alors on étrangle le pays par un blocus économique. Et si rien n’a fonctionné, on lui fait la guerre, on l’envahit et on met en place un gouvernement fantoche.

Je n’ai volontairement pas instancié sur des pays particulier. Mais vous trouverez pleins d’exemples en Amérique Latine, en Asie et au Moyen-Orient dans le livre de Perkins.

Voilà ce qu’est le néo-libéralisme : c’est de l’impérialisme économique déguisé en aide au développement. Je vous laisse à de nouvelles réflexions.


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