Roland Verhille Roland Verhille 21 avril 2008 19:47

À Forest Ent

Vous me demandez ce qui empêcherait le salaire brut d’un Français de descendre au niveau de celui d’un Chinois. Je ne peux pas vous répondre sans être long.

 Effectivement, au vu des commentaires de certains ici, leur apport au débat est moins que rien, puisqu’il ne fait que le saboter. Alors, l’équité voudrait que leur niveau de vie soit ramené au niveau du Chinois le moins méritant, et non qu’il soit assuré par les autres Français.

Vous invoquez le salaire brut. C’est un nombre sur un papier qui ne décompte aucune réalité. La première réalité est le coût du travail incorporé dans le coût total du produit, le salaire brut augmenté des charges patronales en étant la majeure partie. 

Le salaire net n’est qu’une réalité éphémère, car son montant entré dans le porte monnaie du salarié est ponctionné des impôts directs, et aussi des impôts indirects compris dans le prix des produits achetés (en moyenne nationale, 18 % environ).

Seuls méritent considération le coût total du travail du salarié incorporé dans les coûts de production, et son salaire net net, celui diminué des impôts directs et indirects. La différence entre ces deux montant, dite « le coin », détermine à la fois la compétitivité des produits et le pouvoir d’achat du salarié, son comportement économique ainsi que social. Cette différence, c’est la part du produit du travail prélevée par l’état qui l’attribue d’autorité à qui il décide. Là intervient à la fois la productivité des services rendus par l’état, la question de la « vente forcée », ainsi que la consommation de services ressentis comme étant « gratuits ».

Pour l’entreprise délocalisée en Chine qui aurait à verser à ses travailleurs Chinois seulement le montant du salaire net français, oui, elle y gagnerait probablement beaucoup. D’abord, avec cette rémunération de nabab pour ses salariés chinois, elle attirerait les meilleurs d’entre eux qui lui resteraient attachés. Ensuite, elle n’aurait pas la charge de toutes les cotisations patronales et salariales sur salaire. Son succès sur le marché asiatique serait fonction du type de ses productions, mais il serait assuré sur les marchés européens.

 

Mais la vraie question n’est pas la votre. Elle est au contraire « Pourquoi la rémunération d’un travailleur français ne descendra pas au niveau actuel du travailleur chinois ? ». Parce que le système productif français est constitué par un équipement technologique au moyen d’un investissement massif de capitaux, et que cela permet une productivité du facteur travail énormément supérieure à celle de la Chine. Le problème de la Chine est de fournir un emploi à des centaines de millions de travailleurs à sortir de leurs activités agricoles inefficientes. Il n’est pas de leur fournir des équipements industriels leur permettant d’atteindre le niveau de productivité européen. Au fur et à mesure de ce basculement, le pouvoir d’achat des Chinois va s’élever, le pays ne pourra pas continuer à affecter une part importante de sa production à l’exportation, à peine d’inflation, ce qui a déjà débuté d’ailleurs. Les travailleurs français performants n’ont rien à craindre.

 

Je n’ai pas épuisé tout ce qu’il faudrait dire là-dessus, il reste à débattre, mais cela me semble déjà beaucoup. Merci pour l’attention portée à mon commentaire.

 


Ajouter une réaction

Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe