Nono Ladette Nono Ladette 27 juin 2008 18:48

 

Srouel,

la croissance du PIB est sa variation d’une période à une autre. On l’exprime souvent entre deux années pleines (PIB 2008 / PIB 2007). Mais, étant donné que le PIB est diffusé trimestriellement, rien n’empêche de mesurer sa progression en année glissante (4 derniers trimestres / 4 trimestres prédédents). Le premier n’en est d’ailleurs qu’une version particulière, calculée après le 4e trimestre... On peut aussi comparer un trimestre au même trimestre de l’année précédente (mais attention ce chiffre varie de manière plus erratique). On peut aussi ne regarder que l’écart entre les deux derniers trimestres pour se concentrer sur l’évolution la plus récente de la croissance. Mais il faut alors extrapoler - avec prudence : en utilisant le conditionnel - cette augmentation sur une année entière pour pouvoir la comparer aux versions précitées. C’est ce que j’ai fait. 

Une remarque sur les croissances trimestre/trimestre (T/T) par rapport à année/année. Il se peut que les 4 trimestres d’une année N soient en progression de zéro par rapport au trimestre précédent mais que le PIB de cette année soit supérieur à celui de l’année précédente N-1. Cela peut sembler paradoxal mais c’est le cas s’il y a eu de la croissance entre les trimestres de N-1. Exemple si le PIB a été en N-1, respectivement sur les 4 trimestres, de 100 puis 110, 120 et 130, cela vous donne 460 sur l’année. Et si le PIB reste ensuite stable (croissance T/T = 0) à 130 pendant quatre trimestres, cela vous fera 130*4 = 520 soit une croissance de 13% sur N par rapport à N-1.

Ainsi, certains économistes ont baptisé "acquis de croissance" cette forme d’inertie ou de décalage qui calcule quelle sera la croissance sur l’année si les prochains trimestres font zéro de croissance T/T (le terme est un peu abusif car vous pouvez toujours faire moins si vous avez une récession T/T). Ainsi pour la France, les chiffres révisés aujourd’hui par l’INSEE de +0,5% en T/T au premier trimestre 2008 donnent un acquis de croissance de 1,2% pour l’année. L’INSEE prévoit +0,2% T/T au 2e trimestre et une faible croissance T/T ensuite, ce qui l’amène à prévoir +1,6% sur l’année 2008 entière par rapport à 2007.

Ceci permet de mieux comprendre, je pense, les prévisions de croissance correcte sur l’année pour le Portugal, entre autres, alors que plusieurs trimestres seront de croissance nulle ou négative, parce qu’il y a eu de la croissance en 2007. Mais l’acquis de croissance pour 2009 à fin 2008 sera faible, parce qu’il y aura eu peu de croissance en 2008.

Sur Zapatero, je trouvais ce signe révélateur de ce qui attend les espagnols en particulier : une stagnation des revenus pendant une période de forte inflation, c’est-à-dire une forte dégradation du pouvoir d’achat. On pourra peut-être acheter une maison en Espagne à bas prix dans deux ou trois ans...

Je ne vous suivrai pas, Forest et vous, sur la dénigration de l’économie en tant que science. Le suivi d’indicateurs permet de prévoir les mouvements macro-économiques à venir, même s’il est vrai que cette discipline laisse de la place à l’interprétation, en particulier des comportements humains futurs incertains face à des évènements futurs donnés ou prévus. J’en fais le pari en vous livrant ici mon interprétation de la situation et vous propose de faire le point dans 6 mois et dans un an sur ces prévisions si cela vous dit.


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