TEO TEO 1er août 2008 15:52

Pardonnez-moi, mais je crains que la chose soit beaucoup plus compliquée ou plus simple.
Le recours que vous faites "au racisme entre ethnies" s’appliquerait plus valablement à la situation actuelle entre Flamands et Wallons... Eh oui ! Le seul frein à une telle lecture, c’est le manque d’habitude d’interpréter nos réalités sociales en termes ethnicistes ; au contraire de ce que nous faisons plus volontiers avec les réalités africaines. Mais en l’occurrence, la situation belge est plus représentative du "racisme entre ethnies" ; c’est-à-dire d’un corpus de représentation structurée et polarisée auquel un nombre significatif de personnes (Belges) croient fermement !!!
Au contraire ce qu’on qualifie généralement de "racisme entre ethnies" dans les explosions africaines correspondent davantage à des "bouffées délirantes", suscitées par des élites politiques en concurrence pour le pouvoir et les possibilités de prédations sur l’Etat qui l’accompagnent dans beaucoup de pays africains. Osons une caricature édifiante : c’est comme si substancialisant le discours électoraliste de Sarkozy en 2007, nous nous étions mis à percevoir ’l’ethnie de ceux qui se lèvent tôt" contre "l’ethnie de ceux qui se lèvent tard" ; "l’ethnie des salariés du Privé" contre "l’ethnie des fonctionnaires du Public" !!! Et que nous nous étions mis, plus qu’à nous agacer mutuellement à nous taper vraiment dessus. (Nota : heureusement d’ailleurs qu’en cas de besoin ultime, nous avons les Immigrés pour servir de punching-ball)

Par devers le discours donc, l’effective sur-représentation ethnique qu’on observe parfois autour des sources de pouvoir et donc de richesse en Afrique (comme ailleurs dans le monde) est moins idéologique qu’instrumentale. En effet, le problème réglé par cette "sur-représentation ethnique" est celle de la confiance  : dans une situation de forte adversité où ayant tué pour accéder à d’énormes richesses indues et où on peut être, soi-même, tué par d’autres aspirants à ces richesses, comment s’entourer pour s’assurer une certaine sécurité ? En qui avoir confiance ?
Chaque fois qu’elle se pose (par exemple aussi dans la Mafia), la réponse à ce type de question va chercher dans des cercles, des réseaux très cohésifs, endogames, d’indéfectibles solidarités. Solidarité de fait (familles, clans), solidarité de combat (frères d’armes, "noblesses" de grandes écoles) ; solidarité de destin (groupes sociaux discriminés, paria ayant fait le deuil d’une possible ascenssion via des stratégies individualistes)...
Je suis désolé de mettre écarté par ce long commentaire du fond de l’article, mais il importe qu’on abandonne le plus tôt possible ce type racisant d’explications des réalités des autres.


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