krolik krolik 30 août 2008 23:22
Tout cela est bien connu depuis extrêmement longtemps. Les journalistes sont en mal de papier alors ils ré-inventent l’eau tiède.

Je vais essayer de vous donner quelques explications pour vous aider à vous fixer les idées ; ordres de grandeurs sur un certain nombre de problèmes liés à la radioactivité naturelle. Ca déborde un peu le cadre du tabac en apparence, mais on est au centre du problème.

- L’uranium se trouve disséminé à la dose moyenne de 3.4grammes / tonne dans l’écorce terrestre, c’est à dire du sol à une profondeur de 15km. Toutes les roches ordinaires en ont de façon très variable (granites et gneiss 4 à 30g/t, schistes et glaise 10 à 50g/t) sauf les calcaires (5% de l’écorce terrestre) qui en ont dix moins.
 
- L’uranium est insoluble, donc pratiquement immobile, en milieu profond non oxydant, c’est à dire non aéré. Par contre en milieu aéré il en va tout autrement et se solubilise facilement en uranates. Mais dès que les eaux superficielles rencontrent un milieu réducteur (en fait le domaine végétal) il se réduit partiellement et se fixe de façon extrèmement nette sur ces substrats végétaux.
 
- Vous comprendrez donc que les terres naturelle et agricole jouent le rôle d’éponges à uranium dans la Nature. Jusque là tout va bien puisque vous savez aussi que l’uranium n’entre pas dans les végétaux (sauf dans ceux très primitifs comme les lichens, mais ceux-ci ne font pas partie du monde agricole). Donc, jusqu’à présent, la Nature nous préserve des sols riches en uranium (disons 10 à 20 fois plus riches que les schistes qui sont eux le soubassement obligatoire de toute terre agricole acceptable). Nous parlons ici d’un ordre de grandeur de 40kg d’uranium naturellement retenu par hectare dans une tranche de 10cm de sol située à quelques 20-30 cm de profondeur.
 
- Les phosphates (rares dans l’eau naturelle) solubilisent l’uranium dès une concentration d’ion phosphate très basse (1g/litre) et sont mille fois plus efficaces que tout autre agent naturel. L’utilisation massive d’engrais phosphatés en fait remobilise l’uranium stocké naturellement dans les sols et le dirige vers les eaux naturelles de ruissellement qui finissent dans les rivières et fleuves.
 
- On peut simplement tenter de se donner une idée d’ ordre de grandeur de ce lessivage dû aux activités agricoles : Imaginons qu’il faille 40 ans d’engrais pour lessiver les 40kg à l’hectare, soit 1kg/an et par hectare. Dans un bassin agricole de 10000ha, sommes toutes assez modeste, le lessivage annuel y serait de 10000kg/an, dissous dans les eaux de la rivière correspondante soit une moyenne de 27kg par jour. Comme ces débits sont très variables au cours de l’année ainsi un lessivage agricole de 74kg/jour est vite atteint en pointe sur plusieurs semaines.


- L’uranium naturel décroit en passant par différentes phases (12 phases), les plus significatives sont le passage au radium puis au gaz très lourd radon pour finalement arriver au polonium 210 et au plomb 210.
Avant 1942 dans le minerai on extrayait le radium pour activité médicale, après 1940 c’est l’uranium qui est devenu l’élément intéressant et le radium et ses descendants (radon, polonium, plomb) sont restés sur place.
Le radon, sort naturellement de la terre en provenance des derniers 50 cm superficiels de la croûte terrestre. Sa durée de vie est courte, si le chemin est trop lent / difficile ses descendants ne verront jamais la surface terrestre et nous importeront peu. Si on facilite la sorite du radon en broyant la terre, on augmente la pollution radioactive, c’est ce qui se passe lors des exploitations minières d’uranium. Pour résoudre le problème il suffit de mettre une couche de blocage superficielle pour éviter la sortie du radon.
Lorsque le radon sort, comme il est lourd il ne va pas très haut en altitude, 4 à 5 mètres, il se décompose en éléments très lourds 210 polonium et 210 plomb. A raison chacun d’environ 10 000 becquerels par m2, en général d’ailleurs on ne compte que le polonium car le 210plomb est moins toxique que le polonium.
Le polonium est très toxique, Marie Curie en est morte (elle l’a identifié..) et Litvinenko également à Londres.

Donc le polonium retombe en "pluie" sur les légumes. D’où l’intérêt de laver les légumes avant de les manger. Vous divisez environ par 1000 à 10 000 l’activité polonium de votre salade.

Dans le cas du tabac c’est encore plus particulier. Si vous avez vu ce que j’ai écrit au départ de ce post, la présence de phosphate entraîne la migration de l’uranium et d’ailleurs sa concentration dans les gisements de phosphates marocains.
Pour information : les réserves mondiales actuelles d’uranium facilement extractible sont évaluées à 17 millions de tonnes. Mais les seules réserves d’uranium dans les phosphates marocains s’élèves, sans compter le reste du monde, à 25 millions de tonnes... 

A partir de 1930, les planteurs de tabac ont commencé à mettre de l’engrais sur les terrains. Avec le phosphate l’uranium attaché... la chaîne de décomposition de l’uranium et la retombée du polonium sur les feuilles de tabac.
Petite différence avec les légumes, il n’y a pas de ménagère pour laver le tabac..
Les feuilles sont séchées directement pour une meilleure "qualité".
C’est cette présence de polonium qui peut expliquer plus spécialement les cancers des bronches.
Lorsqu’une personne passe au "cercueil" (anthropogammamétrie totale du corps humain) dans une boite en plomb à très bas bruit de fond, s’il est un fumeur, ça se voit instantanément.

Ceux qui sont arrivés à ce point de la lecture, je les félicite !

Pour en revenir à l’objet de l’article, ce qu’il y a de surprenant c’est que plusieurs médias s’enflamment en même temps sur ce sujet.
Il serait intéressant d’étudier d’un point de vue thermodynamique le phénomène de la formation du "cyclone" médiatique qui s’emballe maintenant sur un thème archi-connu depuis... Marie Curie..

@+

 


 

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