Christophe Christophe 5 octobre 2008 12:27

@Sinbuck,

L’exercice est assez difficile pour les médias, même si j’admets qu’ils ont complètement abandonné cette volonté de vouloir informer dans le but que chacun puisse élaborer les connaissances par rapport aux faits, aux évènements.

Un évènement n’est généralement pas suffisant pour en produire une information exploitable afin de l’intégrer comme connaissance. Les données, principalement, contextuelles et temporelles sont des éléments déterminant pour qu’une information prenne du sens. Si je les considère comme principales c’est tout simplement qu’elles sont des informations structurantes, elles fournissent l’interprétation dans l’espace et dans le temps qui sont des éléments primordiaux pour interpréter convenablement une situation donnée.

Les médias ont plutôt une forte tendance à mettre en évidence un évènement dans un contexte et une temporalité qui est la notre. Pour nos affaires intérieures, cela pourrait être admissible (et encore, si nous raisonnons au niveau individuel cela ne peut être admis !!!), mais cette démarche change considérablement le sens réel dès lors que cet évènement ne concerne pas notre environnement, celui que nous connaissons.

D’un point de vue systémique, dans une vision d’un monde ouvert, l’information prédigérée, orientée dans le sens précité ne tend pas vers la pensée par lui-même de chaque individu. Les interprétations possibles devraient être soumises au débat polémique, or la fonction des médias traditionnels consistent à fournir l’évènement et son mode interprétatoire sans ouverture de débat polémique. Même l’utilisation d’internet par les médias traditionnels ne permet pas un débat polémique entre l’interprétation du journaliste et les lecteurs ; si les lecteurs interviennent, l’auteur de l’article laisse le débat suivre son cours sans ne jamais intervenir. Ce qui n’est pas le cas des médias citoyens sur internet (excepté pour quelques auteurs). Il reste cependant regrettable, sur les forums où la polémique est possible, que des terroristes de la vertu tendent à empêcher tout débat constructif. Il est plus enrichissant, pourtant, de dialoguer avec une personne ayant des interprétations différentes des notres, voire opposées, qu’en parfait accord.

Dès lors que les médias traditionnels ne souhaitent pas ouvrir un débat polémique, il me semble évident que, pour ne pas fausser l’interprétation individuelle, ils ne devraient en aucun cas fournir le mode interprétatoire, ou alors fournir tous les modes mais il serait surprenant de pouvoir être exhaustif a priori. Ils seraient donc cantonnés à fournir les faits et uniquement les faits. Mais cela serait-il suffisamment vendeur ? Est-ce que cela correspond aux besoins de certains qui ne souhaitent pas toujours faire l’effort de réflexion ? N’est-ce pas plus confortable d’avoir une pensée défendue par un média, en fait penser par procuration ?

Les médias traditionnels tendent plutôt à faire passer les messages qui leurs conviennent, en triturant la réalité si nécessaire et en présentant leur interprétation comme une vérité, il ne prennent pas la précaution de présenter leur interprétation comme plausible, mais comme véritable ; cela clos tout débat, car il n’existe qu’une et une seule vérité.

Quant aux informations n’ayant quasiment aucune signification majeure, comme dans tout système informatif, elles ne sont là que pour perturber l’interprétation, que pour masquer l’importances d’autres informations.

Mais se libérer de toute cette pression informationnelle qui est à l’identique de la pression sociale, il faut mener une démarche individuelle de détachement permettant de prendre un recul suffisant. Pour Annah Arendt, c’est une démarche que chaque individu peut mener à bien, et je suis en accord avec elle : Il faut penser, et penser par soi-même. Cet acte-là n’est pas réservé à une élite. Emettre un jugement et prendre ses responsabilités, chacun, quel qu’il soit, peut le faire. Encore faut-il en avoir la volonté ...


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