Le péripate Le péripate 28 octobre 2008 22:33

Christophe. Merci pour ce commentaire mesuré, et nuancé. 
Bien que ça ne soit pas le sujet de l’article, je distinguerais deux grands types d’approche du libéralisme : une, que je qualifierais d’utilitariste, effectivement plus représentée dans le monde anglo-saxon, et une autre que j’appellerais déontologique, plus française (Bastiat...), plus autrichienne (Hayek, Mises...), plus continentale donc. Il va sans dire que j’ai une préférence pour l’approche déontologique. Avec cette approche, j’évite l’écueil d’avoir à penser à un libéralisme politique, ou à un libéralisme économique, comme s’il s’agissait de deux mondes étanches, avec des règles différentes.
Gramsci était un moyen commode de dire que la pénétration de l’éducation, des medias et de la culture par les intellectuels militants avaient été pensé, théorisé. Ce qui ne veut pas dire qu’une majorité d’enseignants, de journalistes, d’artistes ne l’ait jamais lu. Mais bien des gens connaissent la théorie de l’évolution sans jamais avoir lu Darwin, n’est-ce pas ?
Sur la liberté, je ne peux que, d’une part reprendre ce texte « La liberté consiste à pouvoir faire tout ce qui ne nuit pas à autrui : ainsi, l’exercice des droits naturels de chaque homme n’a de bornes que celles qui assurent aux autres Membres de la Société la jouissance de ces mêmes droits. Ces bornes ne peuvent être déterminées que par la Loi. »
Article 4 de la déclaration des Droits de l’Homme de 1789
et dire avec force que l’hypocrisie, c’est bien de faire croire que la liberté peut s’affranchir des limites du monde, de faire croire que parce que mon voisin possède ce que je n’ai pas, ma liberté s’en trouve diminuée.

Vérité, oui, j’ai dit ce mot, dans le contexte "d’effort vers la vérité". J’ai précisé, dans un post ce que je penais par ailleurs de la vérité. Le voici : Si la vérité existe probablement quelque part, c’est en fait une question sans importance, car, en fait, c’est avec l’erreur que nous avons à faire. Un des traits caractéristiques des dictatures inhumaines est qu’elles cherchent à éliminer l’erreur (de jugement, d’exécution du travail, de choix, etc…) en totalité.

On pense souvent que ces dictatures totalitaires, imaginées ou subies pour de vrai, sont ou étaient inhumaines uniquement parce que les moyens nécessaires à l’éradication de l’erreur imposent des contrôles excessifs, mais je crois au contraire qu’elles sont inhumaines précisément parce qu’elles veulent arracher l’erreur à la nature humaine. Les erreurs font vivre les interactions entre individus, les erreurs sont humaines, et la perfection est inhumaine ; l’imposition d’un idéal parfait, sans erreurs permises ou possibles, c’est la destruction de l’humain : tout modèle de société doit s’accomoder des erreurs ou tuer l’homme.
Je crois que ceci fait justice de ce que je croirais être détenteur d’une sorte de vérité.

Pour la dernière question, je vais être pragmatique, bien que ce soit une concession : non. Après une période récente de fort accroissement du poids de l’état (je sais, ça va à contre courant de la vulgate qui voudrait que ces dernières trente années aient été des années de "neo-libéralisme", je rappelle qu’en 74 le poids des prélèvements obligatoires étaient de 36%, pour 54 ou 56% aujourd’hui), il est raisonnable de plaider pour un état modeste certes mais fort de ses prérogatives régaliennes. Sauf si les étatistes devaient faire grimper la charge jusqu’à l’extrême insupportable, auquel cas l’effondrement serait une possibilité.
Le libéralisme intelligent consiste donc, non pas à affaiblir le pouvoir autant qu’on le peut et sur tous les points -cela aussi est stupide- mais à tracer fermement la limite en deçà de laquelle le pouvoir central doit être très puissant, au-delà de la quelle il doit n’être rien du tout.

J’espère avoir répondu au mieux de ce qu’un post peut faire.



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