stephane 13 février 2009 14:48

Et totalement absurde le commentaire de Florence Parisot : si les bénéfices explosent chez les pétroliers mondiaux cette année , on voit bien que c’est dû à l’augmentation spectaculaire du cours du baril durant quelques mois en 2008. Résultat , la part que les ménages ont dû rajouter à leur budget transport ou chauffage etc.. a donc été amputée des autres dépenses en biens, loisirs ou services qui auraient été consommés à la place. Alors, Mme Parisot, on ne souhaite du bonheur qu’aux compagnies pétrolières ou bien à l’ensemble de nos entreprises ? Quant au président de Total, vu sur Canal+ il y a peu, il affirmait que les USA n’étaient pas en Irak pour le pétrôle mais parce que les néo-cons de Bush l’avaient poussé, par idéologie authentique, à installer la démocratie dans ce pays...Le cancer pétrôlier a commencé à nous ronger, et ce n’est que le début d’une lente agonie : je vous incite vivement, chers internautes, à commencer à vous renseigner sur le terme de "pic pétrolier" et ses conséquences sur les sociétés industrialisées. A mon sens, trop d’indices se recoupent aujourd’hui pour négliger son rôle central dans une crise que l’on qualifie de financière. Les pétrodollars polluent l’économie mondiale depuis des décennies, l’arrêt de la conversion Bretton-Woods en 1971 correspond strictement avec le pic pétrolier qu’ont connu les USA la même année : seul le pétrôle bon marché qui jaillissait de leur sol leur permettait d’assurer cette conversion . Depuis, tout n’est que montages financiers et recours aux déficits , sans compter la planche à billets : chaque baril est compté en dollars à l’échelle planétaire et les pétromonarchies accumulent des billions qu’ils prêtent ensuite aux USA notamment et à d’autres pour qu’ils continuent à leur acheter leur or noir. Tout ce système -je te tiens par la barbichette- fonctionne tant que la production suit ; l’énergie bon marché est même le moteur de la croissance capitaliste. Or, pour la 1ere fois en 150 ans d’exploitation la production stagne depuis 2006-2007 alors que la mondialisation n’avait jamais connu un emballement aussi frénétique. Résultat : un baril à 147$ qui n’est que la traduction de l’offre et de la demande au moment où la Chine et l’Inde développent un système qui repose sur la même énergie que nous. Il est depuis retombé depuis à 40$ tant la crise est sévère et qu’il ya eu de la spéculation mais son prix à été multiplié par 5 en 9 ans : le baril s’est toujours maintenu entre 5 et 10 $ entre 1973 et 1999 ; et les experts sont formels c’est dû au coût d’extraction qui augmente avec le déclin de puits vieillissants. Projetons nous alors un peu : l’économie repart et, inéluctablement le prix du baril l’accompagne à la hausse. Dans la formation de richesses, l’énergie y est environ pour moitié et la part du pétrole dans ces énergies est de 40% environ. Dès lors que peut il advenir avec un baril à 200 ou 300$ qui nous arrivera bien plus tôt qu’on ne le croit alors que les salaires n’auront pas suivi ? Les gisements anglais et norvégiens ont connu leur pic en 2000, aujourd’hui la perte de production est d’environ 40% avérés seulement 8 ans après. L’inertie est telle pour changer un système industriel dans sa globalité qu’il ne faut pas s’étonner des blocages actuels : où trouver une activité qui ne serait pas affectée car de toute façon aucun secteur n’échappera au fait que les gens auront moins d’argent à dépenser car saignés à blanc pour certains, légèrement affectés pour d’autres mais tous concernés certainement. Souvenons nous des conséquences sociales du litre d’essence à 1,80 euros en Guyane au printemps : tout s’arrête. Alors rappelons nous aussi le "american way of life" si cher à Bush, avec ses millions de nouveaux propriétaires surendettés se déplaçant en 4x4 pour aller travailler à 40 km du domicile : le quadruplement du prix de l’essence, le réhaussement du taux directeur US pour pallier l’inflation due à l’importation d’or noir leur a été fatal. Or on peut projeter cet enchainement pour toutes les composantes de nos sociétés industrialisées en ne jouant que sur cette variable, le prix de nos énergies reposant pour le moment sur le pétrole. D’où l’urgence, mais surtout pas celle de faire repartir une prétendue croissance : elle ne pourrait se faire qu’au détriment du contrat social ou au prix de guerres d’accaparement qui ont déjà commencé. La simultanéité des signes précurseurs du pic avec le conflit irakien, les opportuns attentats du 11 septembre ont permis aux USA de mettre la main sur le "robinet" . Et demain, l’Iran, cet état "voyou" qui n’a à mon sens que le reproche de vendre son pétrole à la Chine , futur ennemi désigné ! Le Darfour, province du Soudan qui exporte le précieux liquide vers la Chine aussi ! Toute la géopolitique mondiale tourne autour de la recherche d’énergies et cela nous indique le terrible déclin qui nous guette si nous nous laissons bercer dans nos illusions individualistes et par des médias dont la probité devient douteuse. Les 8 années d’illusion pétrolières viennent de prendre fin et nous risquons de le payer cher . Le temps est plus que compté pour évoluer et ce n’est pas un plan de relance de construction de routes ! ni le sauvetage d’une industrie automobile obsolète ou le tonneau des danaïdes bancaire qui résoudront une crise qui n’a rien à voir avec celle de 1929. Les éoliennes c’est bien mais il n’y en aura jamais assez pour alimenter un parc automobile comme celui que nous connaissons : ce sera de toute façon plus cher et la priorité ne sera pas à la voiture tant nous allons apprendre à payer "vraiment" le prix des choses et surtout celui de l’énergie. "Il faut doubler le prix de l’énergie sinon on va à la dictature" : ainsi s’exprimait le président de l’edf qui officia de 1967 à198 ?, le but semblant être de pouvoir mettre de côté et d’investir pour les futures sources d’énergie pendant qu’il y avait du pétrole bon marché sans compter le coup de frein que cela aurait créé sur la consommation. Je ne sais pas si cela aurait été efficace, et maintenant des variables ont changé . Par contre, la dictature dans un certain nombre de pays développés me semble arriver à toute vitesse si nous ne faisons rapidement une relecture de l’histoire du pétrole et de ses conséquences.


Ajouter une réaction

Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe