Nycolas 22 juin 2009 11:20

M. Péréol, vous me surprenez. Je suis en accord sur le fond de votre article, en accord total sur le principe de la problématique que vous soulevez, alors même que lorsque j’écrivais un article pour dénoncer un autre genre de détournement de la langue à but politique (sur le terme « pédagogie » vous vous en souvenez sûrement : http://www.agoravox.fr/actualites/citoyennete/article/l-abus-de-pedagogie-peut-nuire-a-55622) vous m’aviez reproché de me présenter comme le dépositaire de ce terme, et pourquoi pas de la langue toute entière. Aujourd’hui vous voilà à faire la même chose que moi : dire que les mots sont importants et que toute dérive de sens mérite d’être surveillée.

Certes vous parlez ici, à juste titre d’une inversion du sens de la laïcité, car non seulement la laïcité n’est pas une tradition, pas plus qu’elle ne peut être une religion. Moi je ne parlais pas à proprement parler d’une dérive sémantique, mais d’un abus d’utilisation d’une sémantique, ce que vous aviez prétendu être un oxymore... Mais à l’arrivée, le résultat est le même. Que l’on détourne le sens d’un terme, ou que l’on introduise l’utilisation de ce sens dans un cadre où son utilisation a manifestement un but politique, dans les deux cas on instrumentalise un mot, et soit on le dépouille de son sens, soit on le détourne, ce sens, mais en tout cas on en fait un usage orienté et politique.

Pour en revenir à votre article, le collectif « les mots sont importants » dénoncent ce détournement du sens du mot laïcité dans un objectif politique, depuis longtemps, déjà. Voici un lien :

Une révolution conservatrice dans la laïcité
D’une laïcité laïque à une laïcité religieuse
...

http://lmsi.net/spip.php?article530&var_recherche=laicit%E9

Alors bravo pour votre article qui rappelle fort bien ce qu’est censé être le principe de laïcité, même si je ne comprends pas pourquoi à vos yeux, un tel glissement un soudain plus essentiel qu’un autre, dont le but est exactement le même, dans le principe général.

Je ne doute pas que l’on vous reprochera de faire le jeu de l’islamisme par votre argumentation pourtant neutre, sur le terme dont vous parlez. Le problème est que ce débat est par avance miné, puisque portant d’énormes charges affectives relatives à une confusion entre laïcité et athéisme, entre une ouverture laïque perçue comme laxiste et l’exigence d’une sévérité nouvelle, et plus précisément d’une fermeture, à l’égard de cette religion si forcément marquée à notre époque par des débats politico-médiatiques viciés, qu’est l’islam... En clair, le débat a de grands risques d’être mort-né.


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