simeonl 20 septembre 2009 09:28

Ben heureusement que vous ne défendez aucune thèse…

C’est donc un pur hasard que vous ayez introduit l’idée, dans une de vos réponses, que le fils du père et l’ami de 30 ans avaient leurs noms dans une société luxembourgeoise supposée fictive. Serait-ce contraire au droit français ? Eclairez moi sur la question car vous avez l’air très au fait de la chose juridique. Serait-ce une confusion de ma part, ou bien alors comme vous l’écrivez avec tant d’insistance une sorte de mélange et une invention dans mon interprétation, incapable que je suis de regarder la réalité en face ? Je dois visiblement manquer certaines subtilités du droit français et de l’objectivité exemplaire que vous étalez à longueur de page. Quel dommage n’est-ce pas ?

Rassurez vous sur mes sources. Je n’ai pas de TV, je suis polyglotte, je lis peu la presse française (à part le Canard et parfois Le Monde), plutôt la presse internationale, et ceci me permet un autre regard sur les mœurs particulières du pouvoir en RF. C’est ce qui me permet d’affirmer que dans tout autre état de droit qui se respecte – mise à part peut-être l’Italie, et pour des raisons similaires – Chirac aurait perdu le pouvoir dès la publication des notes de Rondot. Nixon l’a perdu face à une opinion publique révoltée  pour des faits autrement moins graves, puisque dans son cas il s’agissait d’utiliser les services secrets pour s’informer de la stratégie de ses adversaires politiques. Lui n’est pas allé jusqu’à instrumentaliser un général et compromettre un juge à des fins de calomnie, et si vous ne voulez pas reconnaître les faits dont il est question, dommage pour vous, d’autres que vous les ont observés avec beaucoup d’attention.

Car à part déformer mes propos (je n’ai jamais prétendu que les frégates sont une affaire franco-francaise et je n’ai jamais dit que les montants évaporés par le Credit Lyonnais étaient inférieurs à ceux impliqués par les frégates) ou les contrer par des affirmations gratuites (« fantasmes de complots invisibles ») vous n’apportez rien de substantiel, si ce n’est vous arc-bouter autour d’une argutie juridique qui cadre mal avec l’ampleur de la manipulation.

Pour éclairer un peu le lecteur éventuel d’où je tire mes soi-disant « fantasmes » voici quelques extrait des carnets de Rondot qu’on a pu lire dans le monde :

Le 21 Janvier 2004 : « Le PR (Président République) voulait un traitement direct avec D de V (Villepin) à son seul niveau. » En clair, ceci court-circuite à la fois Raffarin et la ministre de la défense. Pourquoi ?
Le 19 Juillet : « Pour moi, indique la note de M. Rondot, mes vérifications ne sont pas venues étayer la thèse de JLG (JL Gergorin) Mes doutes et interrogations demeurent. Le risque : que le PR soit atteint. »
27 Juillet : Après sa conversation avec sa ministre, le général note ensuite : « MAM a parlé à D de V (…) Me demande de rechercher l’origine de l’affaire », avec ces hypothèses : « Politique : opposition ? » et « Paranoïa de JLG ».
Enfin, l’échange avec Villepin lui permet d’informer ce dernier « que les services considèrent que c’est un montage ». A lire ses notes, le ministre n’est pas de cet avis : « D de V : discuter encore sur le montage ». Pour les « milieux financiers », soutient ce dernier, « c’est vrai » – autrement dit : les listings sont authentiques ; quant aux « milieux politiques », « ils s’inquiètent »
2-14 Septembre « Mise en cause de N. Sarkozy ? (…) Instrumentalisation ? MAHDi [Lahoud] et relations avec DST via JLG et avec DGSE. » Enfin : « D de V, que j’ai vu le 2/09/04, n’est toujours pas convaincu qu’il y a une possibilité de montage. »
15-19 Octobre : « Inquiétude de D de V. Il est maintenant presque établi qu’il y a eu montage et que JLG en est à l’origine avec Mahdi. Instrumentalisation par qui ? Action de Mahdi consciente, incohérente ? Un juge pourrait être désigné. Faire une note de synthèse. Gergorin : qu’il se soigne ! Le voir ? ».

J’ajouterai encore les 3 questions de Giesbert adressées à Villepin, publiées par le NO et restées sans réponse : « Pourquoi a-t-il laissé courir l’affaire », « peut-il certifier qu’il n’a jamais dit à la mi-juillet 2004, alors même que le bidonnage était établi : “Sarkozy c’est fini. Si les journaux font leur travail, il ne survivra pas à cette affaire là”. » Et enfin « pourquoi est-il intervenu personnellement pour faire libérer Imad Lahoud ? »

Et le plus beau sans tout ça : à quel titre Villepin, alors ministre des affaires étrangères - qui connaît personnellement Gergorin - pouvait-il ordonner une enquête à un général en retraite, sur « des réseaux mafieux » ? Réponse de l’intéressé : « Le souci d’éviter que l’image de la France ne soit mise en cause ». Raté ! Mais plus c’est gros mieux ça passe…

Contrairement à ce que pensent beaucoup trop de gens, il est impensable que Villepin et Chirac aient pu envisager un seul instant que les listings n’étaient pas truqués, pour une raison fort simple : tous les comptes de Clearstream (la chambre de compensation internationale mise en cause par Denis Robert, ce qui en fait une usine à fantasmes pour le commun des mortels, c.a.d un cadre idéal pour la calomnie dont il est question) sont des comptes d’institutions financières (banques, brokers,…) et pas des comptes nominatifs. A moins d’être complètement nuls, ils ne pouvaient pas ne pas le savoir. Venir prétendre comme l’a fait Villepin dans les notes de Rondot que « pour les milieux financiers c’est vrai » est un énorme bobard : c’est évidemment faux et c’est en toute connaissance de cause qu’ils se sont servis de Rondot et des juges comme des pions, avec fuites dans la presse (cf Giesbert) dans le but explicite de salir tout ce qui n’était pas la chiraquie, et en particulier le prétendant Sarkozy (et aussi pour diminuer un peu l’audibilité du bruit de casseroles des marchés truqués de la ville de Paris, parmi d’autres).

Si  vous voulez vraiment qu’un jour on puisse en arriver à questionner réellement les auteurs de turpitudes aussi compromettantes  que celles des frégates, du Crédit Lyonnais, ou du financement africain des partis politiques, et si vos propos autour des frégates sont réellement autre chose qu’une volonté délibérée d’enfumage avant un procès imminent, alors il faudrait peut-être commencer par réellement envisager de condamner ceux qui se font prendre la main dans le sac de leurs turpitudes, indépendamment de leurs proximités politiques et de leurs affinités personnelles. Mais pour le faire, il faudrait vraiment le vouloir, et accepter de reconnaître une faute, il faudrait surtout pouvoir dépasser une logique clanique, ce qui n’est visiblement pas votre cas, malgré vos vains efforts pour abriter vos desseins derrière un juridisme de pacotille. Désolé de le dire aussi platement, vos onces de vérité juridique ne pèsent pas lourd face au poids du scandale.

Je tiens à vous remercier de m’avoir permis de rassembler mes convictions, si contraires aux votres.

Bien cordialement.


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