BLASPHEME CONTRE LE DRAPEAU TRICOLORE ET LA MARSEILLAISE ?
Comme suite à « Un « torche-cul » le drapeau tricolore ? » par LL
http://www.legrandsoir.info/Un-torche-cul-le-drapeau-tricolore.html
Voici quelques pistes pour un débat libre, ouvert et sans dogmatisme.
Pour une position critique universaliste responsable.
1 - Le potentiel mobilisateur « de classe » du drapeau tricolore et du
chant national, et de ce qu’il représente, est-il épuisé ?
La Nation comme représentation globale, est ambiguë car elle porte à la
fois de l’émancipation et de l’aliénation. Historiquement elle a eu un
rôle mobilisateur positif puisqu’elle a permis de faire émerger la
République contre la Royauté et de sortir la France de l’Ancien régime
et du Moyen-âge. La Révolution de 1789 étant inachevé pour le
peuple-classe mais pas pour la bourgeoisie (qui elle a en quelque sorte
sifflé la fin du mouvement et le retour au foyer), on peut dire qu’il a
eu dispute d’un symbole entre la bourgeoisie et le peuple-classe. Ce
dernier a vu longtemps dans la Nation et ses symboles un vecteur
d’émancipation. Ce fut moins évident ensuite. Je vois - mais je ne suis
pas historien - la naissance du désenchantement au début du XX ème
siècle . Il y a eu d’un côté la trahison de 1914 (alliance de classes
pour la guerre) et de l’autre le choix du drapeau rouge issue de
l’affirmation de l’internationale ouvrière. L’internationalisme ouvrier
né au XIX siècle avec l’AIT en 1864 et notamment avec Marx, auteur du
Manifeste communiste et citoyen du monde, s’est développé au XX ème
siècle en portant une exigence forte : « Travailleurs de tous les pays,
unissez-vous ! ».
Votre ennemi c’est votre propre classe dominante, votre propre
bourgeoisie. Simplement parce qu’on ne fraternise pas avec ceux qui
maintiennent une domination de classe. Ce n’est pas une haine de classe
pathologique. Il ne s’agit pas d’éliminer physiquement les capitaliste
et les bourgeois il s’agit de les déposséder de ce qu’ils ont volé au
peuple-classe. En somme, c’est le refus de la domination, de
l’exploitation et de l’oppression qui passe par la classe dominante et
par d’autres vecteurs qu’ils soient concrets ou abstraits (on parle
alors avec Jean-Marie Vincent de dispositifs abstraits de domination).
Il y a d’ailleurs d’autres dominations que celle de la classe sociale
dominante : le sexisme et le racisme sont les deux autres formes
importantes.
S’allier avec la bourgeoisie et ses représentants politiques c’est
abandonner l’amitié entre le peuple pour la guerre entre les peuples. A
mon sens c’est donc plus le pacifisme internationaliste du début du XX
ème siècle que les conflits de classe du XIX siècles qui ont transformé
et réorienté les idéaux mobilisateurs. Ce n’est pas, me semble-t-il, le
Front populaire de 1936 qui a changé la perception de la question : "à
qui appartient la nation ?" mais plutôt 1946 et le programme national
issu de la Résistance. De nouveau la Nation semble appartenir beaucoup
plus au peuple-classe et moins à la bourgeoisie. La République n’est pas
socialiste mais sociale. Cet équilibre et ce rapport de force entre les
classes tiendra pendant les Trente glorieuses sous le nom d’Etat
providence. Mais pendant cette période les conquêtes sociales son
rognés. Pendant cette période la bourgeoisie n’a cessé de dominer. Et
l’Etat providence n’a pas été étendu aux peuples colonisés ni aux
immigrés. La République sociale permet une certaine redistribution des
richesses mais maintient le noyau dur du capitalisme. Elle n’est pas une
République socialiste. Les symboles de la nation sont compatibles avec
la République sociale car le peuple-classe comme la bourgeoisie peuvent
encore se les disputer en lui donnant des contenus différents. Mais il
n’est pas prouvé qu’ils le soient avec une République socialiste. C’est
possible en s’appuyant de façon solidarité entre les peuples-classe sur
le « carré républicain : liberté, égalité, adelphité, laïcité ».
2 - Jusqu’où peut aller la critique des symboles nationaux ?
On peut évidemment critiquer le triptyque Liberté, égalité, fraternité
alors qu’il est à mon avis plus clairement progressiste que le drapeau .
Le tryptique montre une France qui peut être libérale-bourgeoise mais
pas pétainiste. C’est déjà un pas de fait.
La critique peut-elle tourner à l’insulte ou à la diffamation via des
actes tels que « siffler la Marseillaise » ou « pisser sur le drapeau » ? Ici
la question vaut aussi bien contre le drapeau tricolore national que
contre le drapeau rouge du communisme ou le drapeau noir de l’anachisme
. Cette question est à rapprocher, me semble-t-il, avec ce qui se dit
des religions. Peut-on diffamer les religions ? C’est la question du
blasphème. On peut dire pisser sur les textes sacrés de toutes les
religions pour les défétichiser, c’est à dire pour les ramener à l’état
de chose ordinaire. Ce qui au passage remet les humains à leur juste
place. Ils cessent d’être « à genoux » pour « être debout ». Il y a donc
dans cette défétichisation un réel processus d’émancipation qui peut
cependant très bien se passer - en pratique - d’actes blasphématoires
répétés.
* Y a-t-il des limites ? L’usage du blasphème récurent et orienté de façon
obsessionnelle contre une religion hors de tout contexte oppressant
débouche souvent sur des dérapages condamnables. Le blasphème érigé en
sport conduit à des formes d’intolérance qui conduisent au racisme. Je
le dis nettement car il faut faire attention aux excès en ce sens. Quand
on passe peu à peu de l’insulte des textes sacrés à l’insulte des
humains croyants on commet un délit. C’est l’état de la législation
française. La loi parle même d’incitation. Autrement dit il y a des
critiques négatives de la religion qui sont condamnables car elles
incitent beaucoup trop au passage à l’acte contre les croyants de cette
religion. Tout est question d’appréciation en fonction du contexte. Pour
autant le blasphème des religions réelles comme de tout de ce qui peut
être érigé en religion ou en sacré est permis. Par contre, tout comme il
est interdit de faire des bombages sur les églises, les mosquées et les
synagogues il est interdit de le faire sur les mairies et les bâtiments
officiels de la Nation ou de la République. Vous pouvez faire un bras ou
un doigt d’honneur ou tout autre geste clairement offensant devant le
drapeau si en fonction du contexte le drapeau représente une
contre-valeur. On peut conchier les religions mais on doit respecter les
croyants. Quand la nation se transforme en religion nationale par
instrumentalisation de l’identité nationale alors son blasphème est
permis. Les symboles de la nation ne doivent pas se transformer en objet
sacré au-dessus des humains à l’instar des religions. Si le blasphème
des religions est permis, le blasphème de la nation fétichisé l’est aussi.
3 - Blasphème et position « Indigène de la République » ? Quid de la burqa ?
D’aucun on vu dans mon profil un rapprochement avec les Indigènes de la
République. J’ai une position critique universelle contre toutes les
religions et contre les processus de sacralisation de ce qui n’est pas
humain.. Je critique aussi le racialisme de cette organisation
politique. Je défends la perspective de la République socialiste. Par
ailleurs, je défens qu’une solidarité féministe mondiale s’oppose
vivement à la burqa. Mais ce qui doit être combattu ce doit être le
fascisme islamiste montant. Du coup ce combat n’est pas simple, surtout
si l’on veut maintenir une solidarité avec le sud contre l’impérialisme
du nord. Surtout aussi si l’on veut ne pas oublier le sexisme ici en
luttant contre le sexisme là-bas. Reste que l’hyper-sexisme islamiste
est une plaie qui trouve d’ailleurs dans les pays ou ils sont dominants
des individus (femmes le plus souvent) qui le combattent courageusement.
Notre solidarité va vers elles et eux. Comme ils sont largement
clandestins, on les connait peu. Reste celles et ceux qui prennent la
parole en Occident. Là le combat solidaire peut prendre une perspective
d’amitié entre les peuples plus que républicaine franco-française de
repli national. Pour autant la commission d’André Gérin de me parait pas
illégitime pour creuser la question. C’est autre chose que le "grand
débat" sur l’identité nationale. Enfin il faut aussi tenir compte de
celles qui le porte librement sous conditionnement ou non. Eh bien
qu’elles le portent mais sans approbation aucune ! Car elle font
clairement le jeu (au sens de fausse solidarité ) des islamistes (qui ne sont pas le musulman ordinaire) et
elles « enfoncent » dans le désespoir celles qui le portent de façon
obligées. Ces dernières sont majoritaires dans le monde. La burqa est le
symbole international de l’hypersexisme !
Ces précisions faites j’approuve volontiers ce propos : *Le voile
intégral est une violence et un mal public international !
Christian Delarue
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